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Si les cours des céréales continuent sur leur lancée, vous ne regarderez bientôt plus votre tas de blé de la même manière. “Nous venons de retrouver le niveau de prix d’avant la récolte 2019, annonce Nicolas Foissey, directeur céréales chez Unéal. Il est soutenu par une demande mondiale importante.” Les cours n’atteignent pas encore des records, mais la tendance est prometteuse.
De plus, l’euro étant faible par rapport au dollar, les blés européens sont compétitifs sur la scène internationale. Des taux de change qui permettent de lisser dans la majorité des cas les coûts de fret à la hausse, dans la lignée des prix du pétrole.
Alors que nos acheteurs habituels (Belgique, Luxembourg et Pays-Bas) sont absents des places de marché françaises, la France peut se tourner vers cette demande internationale, plus stricte au niveau de ses cahiers des charges, grâce à la très bonne qualité de sa récolte 2019. « Les volumes sont aussi importants, souligne Nicolas Foissey. Cela nous permet de nous positionner sur des appels d’offres. »
De la demande, il y en a. Tout d’abord, de la Chine qui, pénalisée par la guerre commerciale que lui mène Donald Trump, tourne son approvisionnement vers l’Europe.
“Il faut rester prudent puisqu’un accord entre ces deux pays doit être signé prochainement afin de réduire le montant des taxes des exportations vers l’Empire du milieu, tempère-t-il. À l’avenir, la Chine risque d’importer davantage de marchandises américaines. Le marché de Chicago a vu cela comme une bonne nouvelle, entraînant une hausse des prix. Euronext a emboîté le pas. »
De son côté, l’Algérie, cliente historique de la France, est en recherche de marchandises. Blacklistés pour cause de punaises dans le grain, les pays de la mer Noire ne peuvent intervenir sur ce marché. Le principal concurrent de la France reste l’Argentine. Or, ces derniers jours, le gouvernement argentin a décidé de renflouer ses caisses en doublant la taxe d’exportation (de 6,7 % à 12 %). « Ils deviennent donc moins compétitifs, précise Nicolas Foissey. Mais attention, à terme, les exportateurs pourraient rogner sur la marge des producteurs, et moins payer les agriculteurs argentins.»
D’autres événements géopolitiques perturbent les cours, à la baisse cette fois, notamment les tensions entre l’Iran et les États-Unis. “La menace entre les deux pays crée des incertitudes sur le marché mondial. Cela fait fluctuer le marché à la baisse.” De quoi en perdre le cours !
Car ces tensions se répercutent sur le prix du baril de pétrole… qui flambe. Alternatives possibles au pétrole, le soja et le colza ont leurs cours à la hausse. Une augmentation dopée par une “production européenne de colza en berne, analyse Nicolas Foissey. Ce qui réduit l’offre.” Toutefois, il faut rester prudent puisque la production de soja au Brésil s’annonce bonne, voire exceptionnelle.
La hausse des cours actuelle bénéficie également d’une récolte 2019 moyenne en volumes en Russie. Une situation qui laisse ainsi de la place aux blés européens sur le marché chinois. Quant à la récolte 2020, elle s’annonce bonne dans la zone de la mer Noire. « L’hiver doux et humide permet aux nappes phréatiques de faire une réserve, note Nicolas Foissey. S’il n’y a pas de gel, la récolte à venir devrait être bonne. »
Difficile d’annoncer une tendance pour les prochains mois tant les situations peuvent se retourner d’un coup. En France, la baisse des emblavements de céréales en raison des mauvaises conditions climatiques va réduire l’offre pour la prochaine campagne, ce qui a tendance à jouer en faveur d’une hausse des prix.
« Nous gardons en tête que nous devons répondre aux industriels locaux et aux exportations, conclut le directeur céréales d’Unéal. Nous devons accompagner le marché en vendant plus régulièrement à des débouchés les plus diversifiés possible. » Définitivement, il y aura toujours trop d’incertitudes pour pouvoir pronostiquer les mouvements et évolutions des cours.
Lucie Debuire