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Fragrance poireaux

20-11-2019

Actualité

Terre à terre

De l’oignon, du poireau ou encore de l’ail, ils tirent l’essentiel. Patrice et Adrien Ferrant produisent de l’huile essentielle à destination de l’alimentation. Reportage dans la distillerie Ferrant P.H.E, située à Rodelinghem dans le Pas-de-Calais, qui fête ses 20 ans en 2019.

Patrice et Adrien Ferrant. © DR

À peine arrivé dans la cour de l’établissement, le parfum de l’oignon vous enveloppe. Pas de doute, vous êtes bien aux portes de la distillerie Ferrant P.H.E (père et fils), dans le Calaisis. Sa spécialité ? La production d’huiles essentielles, principalement à partir de plantes de la famille des alliacées (oignon, ail, ciboulette, poireau…). Elle tourne depuis plus de 20 ans. Passionné et pas peu fier de l’usine qu’il a créée de toutes pièces, Patrice Ferrant pourrait vous en parler pendant des heures. Et surtout vous faire découvrir olfactivement, en ouvrant divers pots opaques, le poireau, l’oignon ou encore le thuya et l’angélique. Par contre, le maître des lieux se fait discret sur le procédé et sur ses installations cachées sous de grands hangars.

« Ferrant P.H.E représente l’un des rares producteurs d’huile essentielle naturelle de poireaux en France et en Europe »

Il faut dire qu’il existe très peu d’usines de ce type. « Ferrant P.H.E représente l’un des rares producteurs d’huile essentielle naturelle de poireaux en France et en Europe », peut-on lire sur le site de l’entreprise. Mais lui au fait, comment a-t-il eu l’idée de se diversifier dans ce domaine ? « J’ai deux neurones qui se sont touchés, ç’a été une étincelle, dit-il seulement, un sourire au coin des lèvres, avant de revenir sur son parcours. C’est la suite logique de mes tergiversations. »

De 7 à 25 tonnes à distiller

Installé en 1988 sur l’exploitation familiale, Patrice Ferrant se diversifie tout de suite dans l’épluchage d’oignons. Dix ans plus tard, il installe sa première machine et commence à distiller en mars 1999. Aujourd’hui, il dispose de 150 ha de plantes à distiller, dont 75 ha de poireaux. « J’ai commencé avec une capacité de distillation de 7 à 8 tonnes par jour, précise-t-il. Aujourd’hui, cette capacité est de 25 à 30 tonnes. »

La matière première, issue des parcelles des deux agriculteurs, provient également d’exploitations voisines. © DR

Patrice et son fils Adrien Ferrant, qui travaillent également aux champs, sont accompagnés d’un salarié agricole et de deux salariés à la distillerie. Une secrétaire comptable, un apprenti et un mécanicien viennent compléter le tableau.

La matière première, issue des parcelles des deux agriculteurs, provient également d’exploitations voisines. « Cette proximité imbattable permet une maîtrise totale de la mise en culture jusqu’à la transformation, facilitant ainsi la traçabilité de nos huiles », précise encore le site de l’entreprise. Une fois récoltés, les poireaux et autres oignons passent par tout un tas de machines de « conception personnelle », confie Patrice Ferrant. Ancien tank à lait, cuve à vin… le touche-à-tout a reconditionné l’ensemble et s’est fait aider d’un soudeur. Assemblage artisanal mais production semi-industrielle à destination… du monde entier ! 

Un marché de niche

L’huile essentielle est vendue à des industriels de l’aromatique, notamment à un fabricant d’arômes à Cuincy, dans le Nord. Combinée à d’autres composants, elle viendra aromatiser chips, soupes, fromages persillés, cubes de bouillons et autres plats préparés. « 20 % de notre production sont vendus en France et 80 % à l’export dans le monde entier, précise Patrice Ferrant. Nous ne sommes que deux au monde à faire de l’huile essentielle de poireau et les seuls à faire de l’huile essentielle de ciboulette. Nous sommes les spécialistes de l’alliacée ! »

L’huile essentielle d’angélique graine, quant à elle, est utilisée dans la parfumerie ; celle de thuya servira de « fixateur de parfum », explique Patrice Ferrant.

© Pascal Chochoy – Labograph

Un concentré de goût

En 2016, l’entreprise a évolué avec l’arrivée d’Adrien Ferrant. Celui-ci a mis au point, à côté de la fabrication d’huiles essentielles, celle de concentrés. Au départ, il s’agit d’un coproduit, récupéré au cours de l’extraction de l’huile ; il n’était pas valorisé. Il a désormais toute sa place dans l’usine. Si l’huile essentielle concentre l’odeur, le concentré lui, est un condensé de goût et serait destiné à faire des sauces, mais aussi à être utilisé dans des plats cuisinés ou encore dans la charcuterie.

Adrien Ferrant, qui multiplie les diplômes (DUT, licence, double cursus en master), a décidé qu’il rejoindrait son père alors qu’il n’était qu’en première. « Mais je le savais déjà avant, confie-t-il. Ce qui m’intéresse est le ”process” industriel, la technicité. J’ai toujours aimé conduire le tracteur mais c’est surtout la transformation du produit qui m’intéresse. »

Alors, qui sait ? Après l’huile essentielle, après le concentré, quel nouveau produit les deux chimistes-agriculteurs inventeront pour venir aromatiser vos différents repas ?

Laura Béheulière

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