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Lorsqu’il a fallu appliquer l’arrêté concernant les ZNT (zones de non traitement) entre les surfaces cultivées et les habitations, le (premier) confinement avait commencé. Au début du printemps 2020, Cécile Fléchel, fraîchement installée sur l’exploitation familiale, plantait ses pommes de terre sur une parcelle bordées de maisons.
“Je ne savais pas ce que je devais faire de ces trois mètres entre les habitations et mon champ, avoue l’agricultrice. Si je n’implantais rien, cette zone deviendrait un champ de randonnée ou une aire de pique-nique ou pire encore un squat. Je devais implanter quelque chose.”
Impossible pour elle de planter des pommes de terre jusqu’aux maisons sans les traiter par la suite. Elle a alors décidé d’implanter une jachère fleurie, mellifère. “C’est dense, ce sont des fleurs, ça n’invite pas à être piétiné“, fait-elle remarquer. Elle le reconnaît, cette décision a mis du temps à mûrir, elle a dû faire le deuil de ce sentiment d’atteinte à la propriété qu’elle ressentait. “J’ai décidé de prendre cette réglementation supplémentaire comme une opportunité pour communiquer positivement sur mon métier“, raconte Cécile Fléchel.
Cette jeune agricultrice ne s’est donc pas arrêtée là. Elle a laissé un courrier dans toutes les boîtes aux lettres des maisons qui jouxtent la parcelle. “Dans ce courrier, je me suis présentée, j’ai expliqué mon métier, la culture de la pomme de terre, les évolutions que subit l’agriculture, explique-t-elle. Je voulais démystifier l’acte de cultiver sans pour autant me justifier.”
D’ailleurs, Cécile Fléchel ne voulait pas forcément entrer dans le dialogue mais uniquement expliquer son métier. “Je n’ai pas laissé de numéro de portable, ni de moyens pour me contacter, je ne voulais pas entrer dans un débat“, explique-t-elle.
Cette expérience, elle compte bien la renouveler cette année, avec les parcelles concernées. “C’était un pari et ça a fonctionné, avoue-t-elle. Nous somme l’entreprise qui dérange nos voisins, nous devons communiquer sur ce que l’on fait.”
Toutefois, Cécile Fléchel ne cautionne pas l’instauration de ces ZNT. “Nous n’avons aucun dédommagement pour nos pertes de production, explique-t-elle. D’autant plus que l’implantation de jachères mellifères a un coût de 100 €/ha. Même si la surface n’est pas élevée, pour ma part, cela m’a couté 20 € de semis. Mais à cela il faut ajouter le temps passé pour gérer une nouvelle culture et le coût de mécanisation.”
Pour ces raisons, la profession agricole, notamment via la FNSEA, appelle toujours les pouvoirs publics à revoir leur copie.
Lucie Debuire