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Nichée en Flandre intérieure, à Saint-Sylvestre-Cappel (59), la brasserie 3 Monts tire son nom des collines qui l’entourent : le mont des Récollets, le mont Cassel et le mont des Cats.
En 2020, elle a fêté son centenaire et sa première récolte de houblon bio. « Nous voulions faire une bière biologique, explique Pierre Marchica, directeur général de la brasserie. L’orge et le malt ne sont pas difficiles à se procurer. Mais le houblon bio, local et respectueux du cahier des charges Saveurs en’Or n’existait pas ».
Le brasseur importe d’abord de Belgique du houblon bio avant de franchir le pas : produire lui-même son houblon. « Sur un brassin, le houblon n’est pas très présent – 3 kg pour 2 500 kg de malt – mais il est symbolique », reprend-il.
La brasserie dispose de terres agricoles à quelques dizaines de mètres de ses bâtiments. L’aventure démarre. « On ne s’est pas rendu compte de ce dans quoi on s’embarquait », remarque Pierre Marchica. Il bénéficie des conseils de la coopérative des houblons du Nord – comptant sept planteurs – et se lance.
Il achète un tracteur et commence par planter 4 000 m² de houblon bio sur une parcelle de 0,6 hectare en 2019. Ancien ouvrier agricole dans une houblonnière, Bernard qui habite à quelques rues de là vient prêter main-forte. Il a du temps et des conseils à offrir.
Il désherbe entre les plants à la houe et à la main, et avec la fraise ou le déchaumeur du tracteur entre les lignes.
« Les terres des Flandres françaises sont idéales », souligne Pierre Marchica. Les pieds dans l’eau et la tête au soleil : avec une croissance de 20 à 40 cm par semaine, la plante grimpante doit bien trouver de quoi se nourrir et apprécie les terres argileuses retenant l’eau. Elle atteint sa taille maximale le 14 juillet et commence ensuite à fabriquer ses cônes.
Avec la parcelle de 4 000 m², 3000 hl de bière sont fabriqués, soit 400 000 bouteilles de 75 cl. « Nous sommes autonomes en houblon pour la bière de printemps et la bière biologique qui représentent chacune 1 000 hl par an », se félicite Pierre Marchica.
La brasserie 3 Monts consomme chaque année l’équivalent de 30 ha de houblon, dont la moitié vient d’Alsace. « Les brasseurs vont chercher le houblon ailleurs, en Alsace (400 ha), en Allemagne (20 000 ha) ou encore dans les pays de l’Est, où la tradition houblonnière est plus forte que dans le nord de la France », précise Pierre Marchica.
« Dans les années 1980, il y avait encore plus de 260 ha de houblon dans la région. Il n’y en avait plus que 35 en 2010 », poursuit-il. La culture de cette plante exige en effet un investissement en équipement – de l’ordre de 30 000 €/ha pour les poteaux, l’équipement du sol et la cueilleuse à la ferme – et il faut patienter trois ans avant d’en tirer un revenu cohérent.
« Pour s’y retrouver, il faudrait planter sept à huit hectares en conventionnelle et deux ou trois hectares en biologique, estime le directeur de la brasserie. La culture du houblon n’a rien rapporté ces trente dernières années. Cela change depuis cinq ans. La culture redevient rentable ».
Pour le brasseur, qui vient de resemer fin mars une nouvelle parcelle d’un hectare en agriculture biologique l’objectif est avant tout « de ne pas se détacher de l’origine agricole et de la ruralité de notre métier. On veut offrir le meilleur au consommateur. Les matières essentielles viennent des exploitations agricoles ».
Louise Tesse
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