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Ils se sont connus… sur le Bon Coin. « J’ai publié une annonce pour trouver un local dans la métropole lilloise pour pouvoir lancer une activité de brasseur. Car la bière, c’est ma passion. J’ai vu qu’Alexis Cardot, que je ne connaissais pas du tout, cherchait lui aussi un local pour brasser autour de Lille. Je l’ai contacté. C’est comme ça que tout a commencé », raconte Sébastien Verbeke.
Ils n’ont pas trouvé de local. Enfin, pas tout de suite. Mais chacun a trouvé bien plus que ça : son alter ego pour mener à bien ce projet de brasserie qu’ils portaient chacun dans leur coin.
« On a commencé dans la cuisine, dans mon appartement à Villeneuve-d’Ascq (59) en 2018, sur du matériel réduit équivalent à celui qui nous sert aujourd’hui pour réaliser des tests », se souvient Sébastien. Rapidement, l’appartement s’est révélé trop petit. « Ensuite, nous avons été des brasseurs nomades, accueillis par d’autres brasseurs qui nous ont fait une petite place, notamment la Brasserie Bellenaert, à Bailleul, Chez Waale, à Wasquehal, ou le Singe Savant, à Lille. Nous nous sommes dit que quand on s’installerait, nous aussi, on ferait une petite place à ceux qui en auraient besoin. »
Ils seront dans leurs propres murs en 2019, rue des Fabricants, à Roubaix (59), à 300 mètres à peine de la mairie, après 150 000 € d’investissement, qui comprennent l’achat de matériel et les travaux d’aménagement du local. La brasserie coopérative Hoppy urban brew (brassage houblonné urbain), alias HUB, était née. « Nous avons réalisé notre premier brassin en décembre 2019 et inauguré notre brasserie en février 2020. En mars, on baissait le rideau à cause du confinement. Nous avons dû changer notre fusil d’épaule. Notre business plan reposait sur une majorité de vente pour les cafés-restaurants (80 % dont 75 % en fûts), qui étaient tous fermés. Du coup, nous nous sommes rabattus sur les particuliers en produisant plus de bouteilles. »
« Nous fonctionnons parfaitement, car nous avons des compétences complémentaires. Alexis est ingénieur chimiste de formation, il s’occupe plus de la fabrication, tandis que moi, diplômé en management de l’IAE de Lille, je m’occupe plutôt du reste, tout en mettant la main à la pâte », détaille Sébastien Verbecke.
Les deux trentenaires (Sébastien a 32 ans, Alexis, 29) partagent surtout les mêmes valeurs. « Ne dites surtout pas que nous sommes une start-up, insiste-t-il, nous ne nous inscrivons pas dans ce schéma car, à un moment ou à un autre de son développement, une start-up a besoin de réaliser une levée de fonds. Du coup, le fondateur n’est plus seul maître à bord et doit rendre des comptes aux actionnaires. Nous, au contraire, nous sommes une coopérative pour éviter les problèmes de management, de hiérarchie et pour éviter de dépendre des autres. Entre développement du chiffre d’affaires et qualité de vie, nous choisirons toujours la qualité de la vie. »
Aujourd’hui, HUB a atteint sa vitesse de croisière : Mathilde Vanmansart, brasseuse, a été recrutée ainsi que Maxime Pottier, apprenti. 45 000 litres (l) de bière (450 hectolitres pour les puristes) sont sortis l’an dernier des cuves, dont 15 000 l produits par des brasseurs nomades. C’est le cas de la Brèche, qui va réaliser son dernier brassin cette semaine, avant de s’installer à Béthune. « Sous notre propre marque, nous produisons deux gammes, détaille Sébastien Verbeke : une gamme permanente de quatre bières et une gamme éphémère ». La production permanente propose deux blondes, une plus houblonnée (plus amère) et une brune, trois d’entre elles sont certifiées bio.
L’autre gamme est née de collaborations qui caractérisent bien l’esprit collaboratif qui souffle dans ce lieu. C’est le cas de la bière bleue réalisée à partir de la spiruline (algue), cultivée à Villeneuve-d’Ascq par Xavier Delannoy au sein de sa ferme Etika Spirulina. C’est aussi à la brasserie Hub que Mickaël Duvette a installé son camp de base pour Nogashi, son activité de valorisation de coproduits alimentaires. Preuve que le lieu attire.
« En début d’année, nous étions arrivés à un carrefour, poursuit Sébastien. Nous avons dû prendre une décision stratégique. Soit on s’agrandissait mais on devait déménager, soit on créait une activité complémentaire sur le site ». C’est cette solution qui a été retenue avec l’ouverture, prévue le 29 avril prochain, pour une période de test de six mois, d’une Taproom : un bar à bière et sa terrasse.
Pour réaliser ce projet, une campagne de financement participatif sur la plateforme spécialisée KissKissBankBank a été lancée. Elle se termine dans le 18 avril. « On trouve la HUB chez notre voisin, un restaurant coopératif, mais on y trouve d’autres boissons. Chez nous, on ne boira que ce qui est produit ici. On pourra se restaurer aussi ».
Pour cela, David Vangheluwe va intégrer l’équipe. Il sera salarié à mi-temps au bar, quand celui-ci sera ouvert, de 17 h à 21 h. Le reste de la journée, il continuera de s’occuper de sa microbrasserie Raar (bizarre en flamand). Coopératif, on vous dit.
Hervé Vaughan