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Lorsqu’ils déambulent dans les jardins, les lycéens de Coulogne voient les plantes et les arbustes, les fleurs et les légumes, les arbres et les aromates évoluer au rythme des saisons. « On estime entre 600 et 800 le nombre de variétés de plantes recensées sur l’établissement il y a deux ans, indique Armel Hochart, adjoint à la direction de l’établissement scolaire. Certaines apparaissent, d’autres disparaissent. »
Formant ses 360 élèves aux métiers des travaux paysagers, aux productions horticoles et aquacoles, en animalerie, jardinerie et environnement, l’école dispose de dix hectares, dont la moitié est aménagée en une quinzaine de jardins thématiques, « qui font la richesse de notre site », se réjouit Armel Hochart.
Un couple d’oies et quelques moutons participent à l’entretien des jardins, qui se passent de désherbage chimique depuis 2006, en équipe avec les élèves qui consacrent chaque semaine entre quatre à six heures aux travaux pratiques. « On insiste lourdement sur la connaissance et la reconnaissance des végétaux », précise Armel Hochart. Si l’heure est encore aux vacances des élèves, l’enseignant profite des allées désertées pour enfiler la casquette de guide et faire découvrir les créations végétales.
À l’entrée du lycée, se trouve le jardin du temps, qui représente les âges de la vie, de la naissance à l’adolescence, puis l’âge adulte et enfin la vieillesse. « Il a été conçu et créé par les baccalauréats technologiques au retour d’un voyage en Angleterre », remarque Armel Hochart. Un cadran gradué en douze parties entoure les quatre zones dont chacune affiche une couleur dominante.
Un peu plus loin, le jardin médiéval est inspiré de ceux que l’on observait dans les monastères, les abbayes, les châteaux forts. « Charlemagne avait défini une liste de 93 plantes que l’on devait trouver dans les jardins du domaine royal dans Le Capitulaire de Villis », explique Armel Hochart. Avec ses allées perpendiculaires, le jardin est très ordonné et entouré de haies, en référence aux cloîtres. Différentes parties sont délimitées en carrés : nourricière pour le potager, florale pour embellir les autels ou encore médicinale pour soigner les hommes et les femmes.
À quelques pas de là, une roseraie compte 350 à 400 variétés, différentes par leurs couleurs, leurs floraisons, leurs formes, du rosier grimpant au rosier polyantha multifleurs.
Les azalées, érables et bruyères invitent à traverser le globe et à pénétrer dans le jardin japonais et ses différentes saynètes. Un bassin d’est en ouest est traversé par un pont rouge représentant la transition entre le monde terrestre et l’au-delà.
Le voyage est ensuite temporel avec le jardin classique à la française qui associe tables et broderies végétales, développées sous Louis XIV pour afficher sa puissance.
Devant les bâtiments, un jardin contemporain rend hommage à l’abbé Dupuy, fondateur de l’école en 1954, d’abord réservée aux orphelins.
« Le clou du spectacle est notre jardin aquatique, confie Armel Hochart. Avec sa filtration naturelle et bio, il a été le plus gros chantier de l’école entre 2010 et 2013 et a demandé de se remettre en question sur la technique, les contraintes. »
La balade invite également à découvrir un jardin naturel – réunissant des « espèces champêtres qui donnent une touche colorée à l’automne » – et un verger – 22 hautes tiges qui ont permis de cueillir et transformer les pommes en 350 bouteilles de jus vendues au magasin. De plus petits jardins ici et là se trouvent attenant aux bâtiments : senteurs, ombre, économe (réhabilité avec uniquement de la récupération), permacole, méditerranéen (avec ses plantes aromatiques), parachèvent un éventail de jardins en tous genres.
À l’avenir, « il va falloir s’adapter », prévient Armel Hochart. Il y a dix ans, le lycée a imaginé un module pour penser un « jardin sans eau » et cultiver plantes et légumes sans arroser. Choix des variétés, du substrat, mode de conduite : entre les périodes trop humides ou trop sèches, la maladie du frêne, ou encore l’arrivée d’insectes de régions plus chaudes, le jardinage demande d’être « de plus en plus vigilant dans ses choix », conclut Armel Hochart.
Louise Tesse