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Ils l’appellent « la ferme du lycée » : une exploitation en polyculture élevage bovin adossée au lycée agricole de Radinghem (62), support de formation pour les jeunes en formation au lycée ou au CFA mais qui tourne comme une exploitation normale et vise, entre autres, l’équilibre financier.
Les élèves passent par l’exploitation régulièrement, dans le cadre de travaux pratiques, de stages ou pour le « club ferme » le mercredi après-midi. À sa tête, Clément Lebely, aidé par quatre salariés. « Chacun compte beaucoup dans la réussite du projet », prévient-il.
Le projet en question : la recherche d’autonomie alimentaire sur la ferme, après une première étape de mesures agro-environnementales qui ont permis de réduire l’apport d’intrants depuis cinq ans, et avant, c’est la suite logique, bien que ce ne soit pas une fin en soi, le passage en bio.
Pour réussir ce projet au long cours, un groupe de travail de deux professeurs, deux formateurs et deux salariés a été constitué. Ici, on fait comme dans une vraie ferme, mais pas tout seul. L’idée est évidemment d’embarquer les élèves, de leur faire comprendre ce qu’on fait et pourquoi. Alors Clément Lebely, pourquoi ? « On ne gagnera pas forcément plus d’argent que dans un système maïs – soja mais on dépendra moins des marchés mondiaux. C’est avant tout une philosophie qui, si elle ne peut pas s’appliquer à toutes les exploitations – nous avons notamment la chance d’avoir de belles surfaces pour nourrir les troupeaux (118 hectares dont 60 d’herbe et 30 de prairies permanentes ainsi que des légumineuses du blé et de l’orge, ndlr) – est un modèle que nous souhaitons enseigner. En montrant que tout n’est pas forcément rose bien sûr, mais il y a cette fierté de pouvoir nourrir son troupeau avec ce que l’on produit et ce qu’offre le territoire. Il y a aussi cette nécessaire capacité d’adaptation (on n’aura pas la même quantité ni la même qualité de fourrage tout le temps) mais comme il faut toujours s’adapter, c’est une super école. »
En somme, si les élèves savent faire ça, ils peuvent faire tout le reste. Car les aspects techniques de connaissance de son troupeau sont notamment très importants.
Le responsable de la ferme du lycée ajoute : « Ce retour aux bases permet aussi de relever la tête et d’arrêter de courir après la rentabilisation d’un système, parfois trop lourd. » Une démarche encouragée par le ministère de l’Agriculture, explique le responsable d’exploitation. L’important restant d’être dans la réalité, en développant un modèle qui fonctionne économiquement : un laboratoire oui, mais pas hors-sol.
Illustration de cette implication, l’opération menée par plusieurs élèves de deuxième année de BTS en production animale.
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Le 12 janvier, ils ont organisé, accompagnés par l’association « Des enfants et des arbres », la plantation de haies fourragères par des collégiens.
Une action qui s’inscrit pleinement dans cette démarche d’autonomie alimentaire des troupeaux : quand il n’y a plus d’herbe au cœur de l’été, il restera les haies de prunelliers, saules blancs, tilleuls, noisetiers, sureaux ou encore merisiers. Alors pas beaucoup et pas tout de suite, nous sommes d’accord, mais « ça a le mérite d’être essayé », pense Clément Lebely. Toujours cette idée de laboratoire.
Des collégiens du collège Jaques-Brel, à Fruges (62), ont répondu à l’invitation lancée par quelques élèves de BTS de venir planter des haires fourragères. Encadrés par Valentin Harel, professeur d’anglais mais aussi référent développement durable du collège, Ellie (6e), Candice (6e), Agathe (5e) et Charly (3e), ont bravé les éléments pour mettre en terre des pieds d’essences destinées à l’alimentation des vaches. Ils racontent.
« On va planter des arbres pour le cycle des vaches, pour les insectes aussi », lance Charly. « Et le dioxyde de carbone », abonde Agathe. « Parce que les arbres aspirent le CO2 », précise même Ellie. Avaient-ils déjà planté quoi que ce soit avant ce jour de tempête ? « Oui, une association est venue chez moi pour planter des arbres dans notre pâture », explique Ellie. « Moi, c’est chez ma mamie que j’ai planté des arbres », annonce Charly. Des élèves qui viennent du milieu rural et possèdent « une fibre pour la nature que l’on essaie d’exploiter avec cette idée que les bonnes habitudes s’ancrent », dit le professeur.
Justine Demade Pellorce