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Arras accueille, ce samedi 7 octobre 2023, le premier championnat du monde de la frite. Thomas Caudrelier et Ophélie Caudron, professeur et élève au lycée Savary d’Arras, font partie des huit candidats sélectionnés pour concourir dans la catégorie Frite authentique.
C’est un peu par hasard que Thomas Caudrelier, professeur de biotechnologies au lycée professionnel Savary d’Arras (62), a pris connaissance du championnat mondial de la frite : « Juste avant les grandes vacances, je suis tombé sur une publication qui en parlait sur les réseaux sociaux et je me suis dit pourquoi pas le tenter avec un élève ! »
Le professeur en parle à sa direction qui se montre tout de suite enthousiaste. « On encourage nos élèves à participer à des concours. Notre leitmotiv ici est “Osez, la seule limite, c’est votre imagination”, souligne Vaea Coste, directrice déléguée aux formations professionnelles et technologiques au lycée Savary. Sans en faire des bêtes de concours, nous estimons que c’est un bon exercice. Travailler avec une contrainte de temps, un matériel que l’on ne connaît pas toujours, sous une certaine pression est très formateur. » Et ajouter : « C’est aussi un bon moyen de mettre en avant nos élèves à qui, parfois, certains ont dit : “On ne sait pas ce qu’on va pouvoir faire de toi”. »
Thomas Caudrelier en parle en classe. Ophélie Caudron, 16 ans, inscrite en CAP PSR (production service en restauration), est partante.
En septembre, quelques jours avant la rentrée scolaire, le professeur apprend que le duo qu’il a présenté est sélectionné dans la catégorie Frite authentique. « On m’a dit que nous étions le seul établissement à avoir proposé de participer avec un élève, cela a peut-être joué en notre faveur dans les sélections. »
Ce samedi 7 octobre, lui et son élève affronteront donc des professionnels de la restauration tels qu’Aurèle Mestré, de la friterie lilloise éponyme, le Belge Nilufer Bahadir ou encore le chef consultant canadien Vincent Croteau… Mais pas de quoi stresser les deux participants. « Je prends cela comme un plus, l’objectif est de faire de notre mieux. Dans tous les cas ce sera une bonne expérience », sourit Ophélie Caudron. Une philosophie que partage également son professeur.
C’est donc dans la joie et la bonne humeur (et sans pression) que le duo prof-élève peaufine sa recette de frites afin d’être prêt pour le jour J.
Depuis quelques semaines, les essais s’enchaînent entre les murs du lycée. Thomas Caudrelier et Ophélie Caudron travaillent d’arrache-pied pour tenter de proposer la meilleure frite du monde lors du championnat : « Nous savons que nous allons être jugés sur plusieurs critères : la coloration, la texture, le goût… »
Si certains aspects sont d’ores et déjà acquis, d’autres restent encore à travailler. Thomas Caudrelier et Ophélie Caudron cuiront leurs frites (deux fois) dans du gras de bœuf. « À la base, nous avions pensé utiliser du gras de canard, mais finalement nous nous sommes ravisés car ce n’est pas la recette authentique de la région », explique le professeur.
Quant au choix de la variété de pommes de terre, Thomas Caudrelier et son élève devraient aussi se tourner vers une pomme de terre bien connue de nos contrées : la bintje. « C’est celle que toutes les familles cuisinent, elle est terreuse, se conserve longtemps, n’est pas chère… J’en achète chez un producteur basé à Achicourt et elles sont excellentes », commente l’enseignant du lycée Savary.
Pour le taillage, le duo ne sait pas encore s’il partira sur du 8 x 8 mm, 10 x 10 mm ou 13 x 13 mm, mais une chose est déjà actée, il ne se fera pas à la mandoline. « Cela fait des frites trop fines. Nous voulons une frite croustillante à l’extérieur, mais fondante à l’intérieur », insiste-t-il. Le taillage se fera donc à la main, « mais cela ne sera donc pas aussi régulier qu’avec une mandoline ».
Les frites du professeur et de son élève devraient être lavées au moins deux fois avant leur cuisson, « dans un bain chaud pour retirer un maximum d’amidon, puis dans un bain froid ».
Mais certains paramètres vont leur échapper : « Au lycée, nous cuisinons sur du gaz. Lors du concours nous aurons accès à une friteuse professionnelle électrique, je ne sais pas si cela aura une incidence sur la cuisson. Mais, comme je dis toujours à mes élèves, il ne faut pas seulement se fier au temps de cuisson et à une horloge, il faut aussi garder un œil critique sur ce que l’on fait ! »
Les premiers testeurs de frites sont les élèves et les professeurs du lycée Savary : « Nous organisons des temps de dégustations au sein de l’établissement afin d’avoir des avis et suggestions sur ce que nous faisons, avance Thomas Caudrelier. Ce qui est agréable, c’est que l’on se sent soutenu par tout l’établissement. »
Ophélie Caudron peut aussi compter sur le soutien de ses proches et les bons conseils de son papa, cuisinier de profession. Et la jeune fille de confier : « Je cuisine beaucoup habituellement, et en ce moment, je n’ai jamais fait autant de frites de ma vie ! », plaisante-t-elle.
En attendant, le duo met toutes les chances de son côté pour affronter ses concurrents.
Le championnat du monde de la frite comprend quatre catégories :
– la frite authentique réservée aux professionnels ;
– la frite familiale réservée aux amateurs ;
– la frite créative ouverte aux professionnels et aux amateurs ;
– la sauce frite de l’année.
Si pour la catégorie sauce frite de l’année les huit candidats retenus s’affronteront directement en finale, pour les autres catégories, le championnat se déroulera en deux temps. Sur les huit candidats, seulement quatre atteindront la finale. Les candidats sont convoqués à 7 h, le début des demi-finales débutera à 8 h. Les finales, elles, sont programmées à 13 h et la remise des trophées aura lieu à 19 h.
Hélène Graffeuille