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C’est une longue tradition de Loos-en-Gohelle : les Gohelliades et la création d’un spectacle collaboratif. « Les premières Gohelliades remontent à 1984. Au début, les spectacles étaient souvent des sons et lumières, puis c’est devenu des spectacles comme ceux d’aujourd’hui, mêlant théâtre, chant, danse… », raconte Christine Stievenard, première adjointe à la mairie de Loos-en-Gohelle, en charge de la culture, de la citoyenneté et de la communication.
Le spectacle Vertiges de labour s’inscrit dans cette histoire. « Il y a toujours un thème. La première fois on avait choisi le passé minier, on a aussi parlé des problèmes de voisinage ou encore des forains. Cette année, c’est l’agriculture et le bien manger », décrit Laurence Duriez, adjointe chargée de la ruralité et du patrimoine. Ambitions : permettre aux agriculteurs et aux habitants de mieux se comprendre, mais aussi de faire prendre conscience des enjeux de l’alimentation dans le territoire.
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Pour la première fois, le spectacle a été créé en collaboration avec la commune de Vimy. « Le sujet étant assez vaste et s’inscrivant dans le projet alimentaire territorial (PAT) de l’agglomération Lens-Liévin, il semblait intéressant de nous élargir », explique Christine Stievenard.
Au total, près de 70 personnes monteront sur scène pour ce spectacle, « aussi bien des Loossois que des Vimynois », sans compter toutes les personnes en coulisses. « Finalement, ce sont près de 100 personnes qui participent à ce spectacle. »
La collaboration est allée jusque dans l’écriture du spectacle, confiée à Xavier Lacouture, metteur en scène, auteur et compositeur : « Ce n’est pas la première fois que je collabore avec Loos-en-Gohelle et l’on procède toujours de la même manière. On recueille d’abord de l’information en réalisant des entretiens avec les personnes concernées par le sujet. Ici, on a recueilli la parole d’une quinzaine d’agriculteurs », des deux communes.
C’est à partir de cette matière « très riche » que Xavier Lacouture et les communes ont déterminé les sujets saillants : droit des femmes, suicide, transmission des exploitations ou encore gâchis alimentaire, entre autres.
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Pour Xavier Lacouture, le défi a donc été de créer des chansons, une vingtaine au total, à partir de ces interviews. « Bien sûr, il faut adapter. Par exemple, parler de la transmission d’exploitation comme ils en parlent, ou du suicide, c’est compliqué. Il faut réussir à mettre ça en humour et en émotions, sans rentrer dans le pathos », explique le metteur en scène. Le tout, sans dénaturer la parole des agriculteurs qui ont témoigné. « Certaines phrases sont carrément reprises dans les chansons. »
Aussi, certains morceaux « vous tirent la larme », comme Adieu et d’autres sont beaucoup plus légers, comme la chanson des légumes moches. Deux chansons sont des reprises : la fameuse Vertiges de labour (référence à Vertiges de l’amour d’Alain Baschung) et Massey Ferguson (clin d’œil à la Harley Davidson de Brigitte Bardot).
En plus des habitants, quatre chanteurs professionnels seront sur scène, « en soutien ». Car pour le metteur en scène, « il faut laisser la part belle aux habitants. Mais ce sont des amateurs, donc mon but est de les pousser au maximum de professionnalisme, sans pour autant les mettre en difficulté ou mal à l’aise. Mon but est de redonner aux gens la fierté d’appartenir à un territoire et le pouvoir qui va avec. »
Pour permettre cela, les habitants ont participé à une dizaine d’ateliers, mais aussi à des rencontres, tables rondes, dans le cadre « du dialogue territorial lancé par la commune », explique Laurence Duriez, commencé il y a deux ans.
C’est d’ailleurs de ce travail que sont tirées les interviews. « Ce dialogue a permis de soulever des problèmes et des besoins. On a, par exemple, organisé des visites d’exploitations avec les habitants, des rencontres entre habitants et agriculteurs. Pour ces derniers, c’est un moyen comme un autre de communiquer sur leur métier, de mieux se faire comprendre. Le spectacle est un appui supplémentaire. »
« Aujourd’hui, il reste une dizaine d’exploitations à Loos, détaille Geoffrey Mathon, maire de Loos-en-Gohelle. Mais historiquement, c’était un petit village de 700 habitants, essentiellement des agriculteurs. Depuis, ils ont souffert d’agribashing et aujourd’hui d’autres problèmes existent. Ce dialogue territorial a permis de mettre en place un plan d’actions, et le spectacle entre dedans. Et pour les participants, c’est un moyen de s’emparer, en s’amusant, des enjeux qui les entourent. »
Eglantine Puel
Information pratique: Vertiges de labour, les 2 et 3 juin à Vimy, 3 rue de la gare, à 20 h 30 ; les 9 et 10 juin à Loos-en Gohelle, salle Varet, à 20 h 30 ; 6 € (gratuit pour les moins de 12 ans). Informations et réservations en mairie de Loos-en-Gohelle et de Vimy. Retrouvez le programme sur le siteGohelliades.
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