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En tant que consommateurs, nous cherchons tous à acheter des aliments de qualité. Pour autant, chacun d’entre nous en a une définition bien à lui. L’un qualifie un produit de qualitatif dès qu’il est goûteux, l’autre privilégie l’aspect sanitaire, un troisième vérifiera les critères nutritionnels…
À cela s’ajoutent des points de vue qui divergent tout au long du processus de production. « Un agriculteur va chercher à avoir un produit qui procure des rendements, résistant aux maladies, explique Pierre-Louis Robillard, chargé d’affaires agro-foodtech à Euralimentaire. Alors qu’un industriel privilégiera les produits standardisés, pratiques à transformer, et qu’un distributeur choisira des aliments qui se conservent. »
La recherche de qualité serait donc une utopie ? Diffère-t-elle selon les modes de production ? « L’agriculture est plurielle, rappelle Dominique Werbrouck, directeur du Pôle légumes région Nord. D’un point de vue agronomique, il existe une quinzaine de systèmes de production avec quelque 200 pratiques différentes. »
D’autre part, la vision du consommateur est souvent réduite. Pour lui, il y a seulement l’agriculture conventionnelle, le bio, les produits labellisés et les marques. Enfin, il y a les marchés sur lesquels sont commercialisés les produits : les attentes ne sont pas les mêmes qu’ils soient exportés, vendus en circuits courts ou en grande distribution. Pas facile de trouver un terrain d’entente dans ces conditions.
Peu d’études scientifiques et reconnues ont été réalisées afin de déterminer si une pratique est plus qualitative qu’une autre. « Il est difficile de savoir si un système est meilleur qu’un autre, reconnaît Dominique Werbrouck. Mais avant tout, il faut comparer ce qui est comparable. Les conditions de cultures, les variétés, les méthodes doivent être identiques. Seul un paramètre doit changer sinon l’étude scientifique est biaisée. On trouve de nombreuses études sur la qualité des produits bio, par exemple, mais pour le moment aucune d’entre elle ne répond à ces critères. »
Pour s’assurer de la qualité des produits, le directeur prône les cahiers des charges qui apportent des garanties sur le mode de production du produit ou son origine.
Pour tenter de répondre à la question de la qualité des produits alimentaires, Aurélie Pelfrene, chercheuse à l’ISA de Lille, a réalisé avec son équipe une étude sur la qualité des miels selon la zone de butinage des abeilles.
« Nous avons étudié les paramètres physico-chimiques des miels issus du butinage des abeilles en zone urbaine, périurbaine, rurale et en zone industrielle, expose l’experte. Nous les avons comparés à un miel issu du commerce et répondant aux normes imposées par la commercialisation. »
Le pH, l’eau, la présence de minéraux tels que le calcium, le potassium, le sodium et le magnésium ont été mesurés. Une attention a été portée sur la concentration des miels en zinc, plomb et cadmium car les abeilles ont butiné dans l’ancienne zone industrielle de Métaleurop.
Résultat ? Malgré ce que l’on peut penser, la qualité des miels ne dépend pas des zones de butinage des abeilles. Tous respectent les critères fixés par l’Union européenne sur la sécurité sanitaire. « On note quelques variations pour la contenance en calcium, en potassium ou en zinc, mais rien n’est significatif », précise Aurélie Pelfrene.
Cette étude révèle bien que la qualité des produits alimentaires n’est pas une simple affaire de technique, elle est bien plus complexe. « La qualité des productions est un enjeu pour toute la filière, ajoute Dominique Werbrouck. L’agriculture doit répondre à trois enjeux supplémentaires : transmettre son exploitation, trouver de la main-d’œuvre et gérer les attaques des agresseurs. » Tout un programme.
Lucie Debuire