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« L’année 2022 a été hors norme pour toutes les énergies, notamment depuis la crise russe. Et en tant que gaziers nous n’avons pas été épargnés. » Vincent Rousseau, délégué territorial Nord-Est de GRTgaz, a fait le bilan de l’année écoulée pour la région et a présenté les projets de déploiement des gaz dits renouvelables (biométhane, hydrogène) par opposition au gaz fossile que représente le gaz naturel.
2022 donc, l’année de la guerre en Ukraine mais aussi de l’hiver exceptionnellement doux.
Dans les Hauts-de-France, « la consommation a atteint 66 TWh : une baisse de 6,3 % par rapport à 2021, inférieure à la baisse nationale de 9,3 % », indique le délégué territorial.
Une baisse qui s’explique par la hausse des coûts, l’incitation à la sobriété liée à la crainte de pénurie et les températures très douces. Dans le détail, on note une baisse de consommation de distributions publiques de 16 % (particuliers, tertiaire et petite industrie) ou une baisse de 12 % pour l’industrie où « la hausse des prix a mené à des baisses voire des arrêts de production ou des basculements vers des énergies de substitution ».
En région, l’agroalimentaire représente la moitié de la consommation de gaz industriel devant l’industrie verrière puis la métallurgie.
Des baisses qui ont été modulées par la forte augmentation de production des centrales combinées gaz (qui transforment le gaz en électricité). Les Hauts-de-France comptent trois de ces unités qui ont vu leur consommation augmenter de 33 % par rapport à 2021 pour atteindre un plus haut niveau historique, conséquence des fortes indisponibilités des centrales nucléaires mais aussi des barrages hydrauliques.
Tout ça dans un contexte gazier tendu que l’opérateur public dit avoir géré avec maîtrise, opérant « une inversion des flux historiques et une augmentation des quantités transportées. Pendant des décennies, le gaz venait de l’est pour aller à l’ouest : nous avons inversé le flux. »
En résumé : le robinet du gaz russe fermé, c’est depuis la mer qu’a été concentré l’effort de fourniture de gaz liquéfié (le GNL) venant par bateau des quatre coins du monde et injecté dans le réseau national via les terminaux gaziers à Fos-sur-Mer, Saint-Nazaire et Dunkerque.
Côté gaz naturel, les flux norvégiens ont encore augmenté pour atteindre près de 40 % de la consommation nationale.
Cette crise finit de démontrer notre trop forte dépendance à des gaz fossiles non éternels et les regards se tournent toujours davantage vers les gaz renouvelables.
Le biométhane est le plus répandu en France, et les Hauts-de-France sont « la deuxième région à produire et injecter du biométhane dans ses réseaux, 18 % de la production nationale ».
La région compte 78 sites de méthanisation qui injectent dans les réseaux gaziers. 136 projets sont en cours de développement ainsi que des installations de rebours, qui permettent le stockage du biogaz dans le réseau quand la production dépasse la consommation.
« Une belle dynamique qui est en train de s’enrayer, alerte Vincent Rousseau, car les mesures incitatives sont de moins en moins bonnes. »
Avec un prix du méthane qui baisse et celui des matières premières qui augmente, le compte n’est plus bon et, face à « un ralentissement probable », GRTgaz « appelle les pouvoirs publics à revaloriser les tarifs ».
Outre ce « relais le plus mature pour se passer du gaz fossile », le transporteur gazier attire l’attention sur l’hydrogène. Ce gaz « 100 % décarboné », c’est de l’eau, nécessite toutefois de l’électricité pour son processus de synthétisation.
« L’idée est de maximiser la conversion du réseau actuel de gaz naturel pour transporter ce futur hydrogène », explique GRTgaz.
Aujourd’hui, cinq pôles nationaux regroupent les projets de production d’hydrogène, tous à proximité des bassins industriels : Fos, Mulhouse, Moselle, Valenciennes et Dunkerque.
Des projets qui seront raccordés à terme au grand réseau européen en cours de construction et qui traversera notamment la France via une « vallée de l’hydrogène » reliant Barcelone à Marseille puis à la frontière allemande.
À Valenciennes, c’est un projet d’ouvrage d’une centaine de kilomètres dont 40 de notre côté de la frontière et 60 du côté belge.
À Dunkerque, une vingtaine de kilomètres centrés sur le port pour mettre en relation producteurs et consommateurs. La mise en service de ces projets est prévue pour 2028.
Justine Demade Pellorce
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