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Cinq ans de travail, des heures de concertations et de réunions… Élaborer le Plan local d’urbanisme d’un territoire comme celui de la Métropole européenne de Lille (MEL) n’est pas une sinécure. Pour cause avec une superficie de 647 km2, c’est le plus grand de France.
Approuvé le 12 décembre 2019 par le Conseil métropolitain, la révision générale du Plan local d’urbanisme intercommunal (PLU2) va officiellement entrer en vigueur ce 18 juin 2020. “À partir de cette date, le PLU2 devient opposable à tout projet d’aménagement, et notamment les permis de construire“, avance Bernard Delaby, vice-président de la MEL qui s’apprête à terminer son mandat. Il a eu en charge d’élaborer le document, depuis 2017 ; à la suite de Marc-Philippe Daubresse qui avait commencé le travail en 2015.
Le PLU est un document stratégique pour l’agriculture. “C’est lui qui fixe les règles d’utilisation des sols“, rappelle Bernard Delaby. C’est sur la base de ce document que sont notamment définies les zones agricoles d’un territoire. Et sur ce point, du côté de la MEL comme du monde agricole, tous semblent unanimes. L’agriculture n’a pas été la grande oubliée du débat. Au travers d’un partenariat technique et financier avec la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais, le monde agricole a été étroitement associé à la révision du PLU.
La concertation avec le monde agricole s’est appuyée sur un diagnostic quasiment exhaustif du secteur sur le territoire. “Lorsque la révision du PLU a commencé, il a été convenu de mettre à jour le dernier diagnostic agricole qui datait de 2011“, explique Hervé Parquet, attaché à la direction de la chambre d’agriculture.
Les services de la chambre, en lien avec la MEL, ont effectué le travail technique pour réaliser le diagnostic. “Près de 80 % des agriculteurs de la métropole ont été rencontrés“, précise Hervé Parquet. Objectif : établir une cartographie précise de l’agriculture métropolitaine et éviter que des exploitations disparaissent. “Nous avons travaillé parcelle par parcelle quand cela a été nécessaire”, se souvient Bernard Delaby.
“Il y a eu une volonté politique forte de réduire les surfaces urbanisées prises sur les terres agricoles “, assure Bernard Delaby. Les chiffres parlent d’eux-mêmes. Ainsi, les zones à urbaniser (ZAU) sont réduites de près de 70 %, passant de 2 600 ha à 790 ha ; dont 220 ha en ZAU constructibles et 570 ha en ZAU différées.
Une partie des 2 600 ha de ZAU du PLU1 a été utilisée pour de nouvelles constructions. “D’après les échanges que nous avons eus avec la MEL, 2 000 ha n’ont pas été urbanisés. Ce qui porterait à environ 1 200 ha les surfaces classées en ZAU dans le PLU1 qui passent en zones agricoles dans le PLU2“, estime Hervé Parquet.
Bernard Delaby explique ce choix politique : “La métropole lilloise dispose sur son territoire d’une belle agriculture avec une forte valeur ajoutée. Notamment grâce à ses activités d’élevage et de vente directe. La préservation du foncier agricole répond aussi aux attentes sociétales autour de l’agriculture locale.” Tout en reconnaissant les contraintes fortes qui pèsent sur l’agriculture métropolitaine, il souligne l’atout que représente cet immense bassin de consommation de près de 1,2 million d’habitants.
“La réduction des emprises sur les terres agricoles est une satisfaction “, confirme Christiane Delefortrie, agricultrice à Bousbecque (59), élue à la chambre d’agriculture du Nord-Pas de Calais. Avec Maryse Moreau, agricultrice à Wattignies (59) également élue chambre, elles ont participé aux nombreuses réunions de terrain organisées dans les communes.
Malgré la réduction des emprises foncières, la MEL ne renonce pour autant pas à ses projets de développement. “Trois quarts des projets feront l’objet d’un renouvellement urbain sur des friches ou des dents creuses“, explique le responsable métropolitain. Plus de 2 000 ha sont concernés.
Autre levier de prévu : la densification urbaine. Si l’agriculture est globalement gagnante, c’est sur le volet environnemental qu’il y a des déceptions. “Il y a eu un manque de concertation sur cet aspect”, regrette Christine Delefortrie. “Aucune négociation concernant le zonage environnemental”, confirme Hervé Parquet. Certaines zones tampons, autour de cœurs de nature éparpillés sur le territoire, vont entraîner des contraintes. Notamment pour construire des bâtiments.
Virginie Charpenet