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À Douai, le lycée Biotech, qui fait partie du campus de Wagnonville, ressemble, au premier abord, à un lycée des plus classiques. Mais une fois les portes passées, il n’en est plus rien. Sur près de huit hectares s’étendent bâtiments, laboratoires, malterie, microbrasserie et même exploitation agricole.
Et encore, on ne parle que du lycée Biotech. Car, ce lycée fait partie du campus de Wagnonville, composé de trois sites et d’une antenne de formations. « On est implanté dans tous le sud du département du Nord. Mais comme on ne peut pas s’appeler le campus du sud du Nord, on s’est appelé le campus de Wagnonville, nom choisi en raison de l’ancrage historique du site », plaisante Fabrice Henry, directeur de l’établissement. Il n’en reste pas moins que Wagnonville est une grosse machine qui a beaucoup changé en presque 130 ans.
Tout commence le 3 novembre 1894 lorsque 17 élèves font leur rentrée dans cette école agricole de Douai. « À l’époque, l’enseignement était vraiment tourné sur l’agronomie », explique Fabrice Henry. Parallèlement se développe un enseignement arboricole et horticole qui ira même à la création en 1957 d’une école d’horticulture. En 1977, ce qui est alors le collège de Wagnonville devient un lycée. Les locaux s’agrandissent, de nouveaux sites sont créés.
Dans les années 1980, le site de Douai prend un virage vers l’enseignement des biotechnologies. Et en 2019, Wagnonville s’organise en campus. Il est aujourd’hui composé du lycée Biotech à Douai (directeur adjoint : Vincent Detalle), du lycée Les 3 chênes à Le Quesnoy (directeur adjoint : Alexandre Boucard) et du lycée Charles Naveau à Sains-du-Nord (directeur adjoint : Stéphane Dubois) et d’un centre de formations pour adultes qui pilote l’activité d’apprentissage (directeur : Alexandre Berth).
Une des particularités du campus de Wagnonville est que chaque établissement dispose d’un pendant « pratique » avec une exploitation rattachée à chaque site. Ainsi, le lycée Biotech a la ferme brasserie de Wagnonville ; le lycée des 3 chênes a la ferme de Potelle et le lycée Charles Naveau a la ferme du Défriché.
Pour le site de Douai, c’est facile : on fait de la bière. Mais pas que, le lycée possède aussi un « hall » agroalimentaire tout équipé ainsi qu’un « hall » autour des métiers de l’eau. « Moi je venais de l’industrie agroalimentaire, quand je suis arrivé ici c’était super, car il y avait tous les équipements, mais en petit. J’avais l’impression de jouer à la dînette », rigole David Lutun, responsable de l’exploitation agricole et de la microbrasserie. Douai possède aussi un « hall » scientifique avec sept laboratoires.
La ferme du Potelle à Le Quesnoy, bio et sous la responsabilité de Pauline Bellay, est composée de 40 vaches laitières de la race Bleue du Nord et possède un atelier de transformation fromages et yaourts. Comme pour la bière d’ailleurs, « nous vendons nos produits dans une boutique au lycée, mais nous sommes aussi distribués dans des épiceries et des cantines », explique Pauline Bellay.
Enfin, le site de Sains-du-Nord dispose entre autres d’un hall dédié aux services aux personnes et la ferme du Défriché qui lui est rattaché développe une activité viande avec un troupeau de vaches limousines allaitantes (50) et de brebis Suffolk (140), sur une exploitation bio de 80 ha conduite en agroécologie.
Ici, un fort tournant vers « l’agroforesterie a été pris. Plus de 200 arbres fruitiers ont déjà été plantés et 770 arbres devraient les rejoindre prochainement pour arriver à un total de 1 000 arbres. Ce projet a été financé à 90 % par la Région dans le cadre du plan Un million d’arbres », détaille Stéphane Dubois.
« La philosophie du campus de Wagnonville se découpe en trois axes : être un outil au service du développement des territoires et des professionnels, accompagner chaque jeune dans sa réussite (professionnelle, personnelle et de citoyen) en les emmenant le plus loin possible avec nous et accompagner les transitions », déclare Fabrice Henry.
Il en veut pour preuve l’offre de formations initiales mais aussi de formations en continu, avec leur antenne au lycée horticole de Raismes (lire aussi en page ci-contre). « On y propose plusieurs formations à destination des personnes en situation de handicap ou des demandeurs d’emploi, entre autres », indique Alexandre Berth.
« On peut répondre à des besoins ponctuels et permanents et nous permettons à des professionnels (agriculteurs par exemple) d’utiliser nos équipements régulièrement (par exemple, Myriam Grouselle de La maison du nombre d’or, lire notre édition du 30 juin) », précise le directeur.
Plusieurs choses ont changé en dix ans. « Une première chose c’est la place des biotechnologies dans nos enseignements et la place des sciences. »
Ensuite, l’ancrage territorial du campus avec, par exemple, le développement du « Pavé bleu », fromage désigné comme modèle pour le développement de la race Bleue du Nord ou encore la marque Escreboise pour les bières produites dans la microbrasserie.
Enfin, le développement de projets agroécologiques forts comme l’implantation de vergers sur la ferme du Défriché ou encore la conversion en bio de cette dernière et de la ferme du Potelle.
Dans le prolongement de ces changements, les projets du campus de Wagnonville sont nombreux et éclectiques tout en étant cohérents avec sa philosophie.
Premier gros projet : l’ouverture à l’international. « Depuis septembre 2022, nous avons une section européenne anglais sur le site de Douai et mon rêve secret serait de créer un parcours brassicole international », sourit, malicieux le directeur.
Le campus souhaiterait également développer l’autonomie de ses exploitations an allant jusqu’au bout du processus de transformation. « Par exemple, installer un atelier de jus sur la ferme du Défriché », ou une distillerie en plus de la microbrasserie à Douai.
L’idée est également d’augmenter le niveau des formations en proposant des masters, pourquoi pas un diplôme d’ingénieur, mais aussi de digitaliser davantage une partie des formations. Dans la philosophie d’être un outil pour les professionnels, le campus de Wagnonville a aussi pour ambition de renforcer et développer ses partenariats avec des entreprises. Enfin, pour la rentrée de 2024, une section sport badminton doit voir le jour.
Eglantine Puel