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Elle y a posé ses valises depuis la dernière rentrée scolaire. Natacha Bègue est la nouvelle directrice du lycée horticole de Raismes, situé à la lisière de la forêt.
C’est en 1967 que l’ancêtre du lycée horticole naît. Basé à Valenciennes, le “centre horticole” est transféré à Raismes en 1981. En 2006, il est régionalisé et rebaptisé. S’accompagne un transfert de gestion de la mairie vers la région Nord-Pas de Calais qui deviendra ensuite Hauts-de-France. Aujourd’hui, l’établissement veut s’inscrire pleinement dans les défis du siècle : assurer le renouvellement des générations et incarner les transitions agroécologiques et climatiques, assure la directrice.
Le lycée horticole dispose désormais de deux sites d’une surface totale de 11 hectares. À quelques centaines de mètres de son site principal accueillant élèves et équipes, l’école a fait l’acquisition d’un terrain de 10 hectares dans le quartier voisin de Vicoigne.
Outre cinq salles de lancement de travaux pratiques, il comprend une toute nouvelle serre. Entièrement vitrée, elle bénéficie de chauffage intégré, d’arrosage automatique et de frigidaires pour ses plants de fleurs et légumes. Ses 800 m² se répartissent entre pleine terre d’un côté et tablar de l’autre pour le travail en hauteur. Un espace est dédié à la formation en vente. « Cette nouvelle serre va permettre de développer les projets et de diversifier nos cultures avec un accent sur les légumes et le maraîchage, ainsi que sur la distribution », argumente la directrice qui y voit la perspective de développer son offre de formation.
À quelques pas de la serre, la halle paysagère permet aux jeunes d’être abrités lors de réalisation de travaux pratiques. « Pavage, dallage, mise en scène : ils font et défont, c’est comme ça qu’ils apprennent le métier, assure Natacha Bègue. C’est ce qui a d’ailleurs permis d’améliorer notre participation aux olympiades des métiers. »
Au-delà de la halle, s’étend un vaste espace naturel avec arbres remarquables et marécages. « C’est un excellent support d’apprentissage, reprend la directrice. Chaque enseignant trouve matière à faire sur ce terrain d’application. » L’arboretum comporte une collection d’arbres fruitiers de variétés anciennes rustiques qui invitent à s’entraîner à la taille particulière que ces variétés exigent.
À l’unisson, Natacha Bègue et la conseillère principale d’éducation Corinne Duchaussoy citent les valeurs républicaines lorsque l’on évoque les valeurs du lycée horticole. « La notion de respect – d’autrui, de soi, des lieux, des locaux, du matériel, de la planète – est très importante, décline la première. On est là pour former des citoyens éclairés capables de comprendre le monde qui les entoure, le respecter et contribuer à sa construction. » « Le respect s’incarne aussi par l’inclusion à travers, notamment, l’accueil des élèves en situation de handicap, poursuit la seconde. L’école veut aussi redonner le goût d’apprendre aux élèves en difficulté. »
L’aménagement du site de Vicoigne marque un tournant dans l’histoire du lycée. Parmi les thématiques, les élèves sont désormais sensibilisés au compostage, à l’apiculture (l’école compte deux ruchers). Ce qui n’a que peu changé, en revanche, c’est l’équipe d’enseignants et formateurs. Une stabilité positive, selon la directrice, qui applaudit le taux de réussite aux examens. L’établissement est familial et réputé pour « sa grande écoute ». « On ne réussit pas un parcours scolaire seul, note Corinne Duchaussoy qui cite le trinôme élève/famille/établissement. L’élève est au centre et l’objectif est son insertion sociale, scolaire et professionnelle. »
Les enseignants ont développé un réseau de partenaires et travaillent avec les parcs naturels régionaux, l’office national des forêts, le syndicat des rivières, la communauté d’agglomération Porte du Hainaut, cite notamment Natacha Bègue. Chaque année, les élèves participent ainsi à la plantation de haies bocagères. Depuis 2002, un partenariat avec l’association des Amis du Paris-Roubaix (lire aussi notre édition du 15 avril 2022) permet aux élèves de tester leurs compétences en pavage sur le tracé de l’enfer du Nord et d’empocher leur attestation. En outre, le circuit du prochain Tour de France passe devant le nouveau site de Vicoigne. Les abords de la locomotive des EMO (établissements métallurgiques onnaingeois, ndlr) seront également aménagés par les élèves à Onnaing. Enfin, et ce depuis 40 ans, ce sont les élèves qui décorent le podium de la course des terrils à Raismes.
La directrice évoque aussi la culture : l’équipe éducative veut y amener les élèves « avec innovation », pour qu’ils puissent y adhérer. « Et s’ils n’apprécient pas, qu’ils sachent l’expliquer. » Le “land art” est, dans un lycée horticole, une voie d’entrée opportune mêlant les cultures sous toutes leurs formes.
Enfin, l’école mise sur la force de l’intergénérationnel, de par, notamment, l’intervention des élèves de fleuristerie en Ehpad.
Le lycée horticole veut aussi s’inscrire dans la course engagée par le ministère de l’Agriculture qui demande « de dépoussiérer l’enseignement agricole » pour accompagner les transitions. Cela se concrétise par une hausse de 30 % des effectifs (élèves) attendue au niveau national. Si la marche est haute à franchir, Natacha Bègue a d’autres idées en tête, comme une offre post-bac ou le développement de formations sur la gestion des milieux naturels et de la faune.
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Louise Tesse Ltesse@terresetterritoires.com