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Depuis 2021, des efforts concertés impliquant des associations régionales et des programmes européens sont déployés pour rétablir les populations de Hiboux Grand Duc dans le Nord et le Pas-de-Calais. Philippe Cannesson, expert du bureau d’études Ecosphère, basé à Wimille (62), nous éclaire sur les défis et les succès d’un programme de réintroduction ambitieux.
Le Hibou grand-duc, avec son envergure impressionnante de 1,70 m et ses 3 kg, est le plus grand des rapaces vivant en Europe. Sa réintroduction a commencé en Allemagne dans les années 75-80, et a ensuite progressé vers la Belgique avant d’atteindre les Hauts-de-France. Ce processus répond à des enjeux écologiques majeurs.
D’une part, il s’agit de rétablir une espèce super-prédateur dont dépendent de nombreuses autres espèces. D’autre part, c’est une espèce bio indicatrice, ce qui signifie qu’elle permet de mesurer la santé des écosystèmes où elle vit. En la réintroduisant, nous restaurons non seulement une espèce emblématique, mais nous améliorons aussi la fonctionnalité écologique des habitats.
En collaboration avec le Conservatoire des sites des Hauts-de-France, l’Association Aubépine et d’autres associations régionales, nous avons entrepris un programme de télémétrie commencé en 2021 et validé sur quatre ans. Ce programme, financé par des subventions européennes via le FEADER, nous permet de suivre les déplacements des hiboux équipés de balises GSM/GPS, afin d’étudier les trames vertes et bleues qu’ils utilisent.
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À ce jour, nous avons équipé 27 jeunes hiboux. Les résultats montrent que cette espèce en expansion s’adapte bien aux paysages locaux comme les coteaux calcaires, les terrils et les dunes. Cependant, le Hibou grand-duc reste très sensible aux perturbations humaines et à la fragmentation de son habitat.
Nous avons identifié plusieurs points noirs, comme la pollution lumineuse et les collisions avec les pylônes électriques. Notre objectif final est de mettre en place des actions concrètes pour rétablir une perméabilité écologique, c’est-à-dire créer des conditions favorables à la survie et à la reproduction de l’espèce.
Nous estimons actuellement la population de Hibou grand-duc à environ 40 couples dans les Hauts-de-France, bien qu’il y en ait probablement beaucoup plus. Pour garantir leur avenir, il est crucial de continuer à travailler sur la connectivité écologique, en particulier dans les zones où les corridors sont restreints, comme le bassin minier.
Contrairement aux plaines, où il trouve peu de supports de vie, le Hibou grand-duc prospère dans des paysages variés comme le bocage du Boulonnais ou de l’Avesnois. La population locale peut jouer un rôle vital en participant à des programmes de suivi, en réduisant les sources de pollution lumineuse et en soutenant les initiatives de conservation.
Pour sensibiliser davantage le public, nous avons organisé une conférence sur le Hibou grand-duc le 31 mai dernier à Nabringhen, dans le cadre de l’Assemblée du Territoire du Parc Naturel Régional des Caps et Marais d’Opale. Cet événement a permis de présenter nos recherches et de discuter des futures actions à entreprendre pour la préservation de cette espèce et d’autres inféodées aux milieux typiques de la région.
En impliquant les habitants dans ces efforts, nous espérons créer un environnement où le Hibou grand-duc et de nombreuses autres espèces pourront prospérer durablement. Car certes les Hiboux Grand Duc sont de plus en plus nombreux dans la région. Mais leurs conditions de vie restent malgré tout très fragilisées.
Taille : 60 à 75 cm de longueur.
Envergure : 160 à 188 cm.
Poids : 2 à 4 kg.
Nombre d’œufs : 2 à 4 œufs par couvée.
Portée de la voix : le cri du grand-duc peut être entendu jusqu’à trois kilomètres.
Développement des jeunes : les poussins quittent le nid à cinq à six semaines.
Espérance de vie : jusqu’à 20 ans à l’état sauvage.
Vitesse en vol : il peut atteindre environ 50 km/h.
Vision nocturne : environ 100 fois plus sensible à la lumière que celle des humains.
Répartition : présent dans plus de 30 pays à travers l’Europe, l’Asie et l’Afrique du Nord.
Julien Caron