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La spécificité de l’enseignement agricole, ses exploitations qui ont continué de tourner, ce vivant au cœur du sujet, ces gestes techniques qu’il faut voir et refaire pour comprendre. C’est tout cela dont auraient aimé entendre parler étudiants, enseignants et directeurs pendant ce confinement. Cette singularité, Didier Guillaume l’a mise en avant, à huis clos et en visio, face à une commission de sénateurs. Elle était chargée de l’auditionner sur le devenir de l’enseignement agricole.
« L’enseignement agricole est une pépite et un atout pour notre alimentation qui n’a jamais été autant dans les discussions qu’aujourd’hui », insiste-t-il, positif, arguant les chiffres encourageants des inscriptions dans l’enseignement agricole en 2019. « 3 000 élèves en plus ! Pas de fermeture d’établissement ni de classe. » Des résultats que le ministre attribue directement à l’opération « L’aventure du vivant » lancée en 2019.
Mais voilà, tous ces efforts engagés vers la transition agroécologique, le bien-être animal « ont été percutés de plein fouet par la crise du Covid. » Les impacts, pour le ministre, seront nombreux.
Sur le recrutement des élèves, d’abord : « Notre camion de promotion de l’Aventure du vivant a dû rester au garage ». Et les portes ouvertes souvent annulées, parfois organisées en ligne. Le risque de voir la fracture sociale se creuser aussi : « Entre haut débit et zone blanche, grande maison et petit appartement, les chances ne sont pas les mêmes… »
Et forcément, le lourd tribut économique. « Une centaine de millions d’euros », sans compensation connue, pour l’heure. Pour autant, insiste le ministre : « Nous avons fait en sorte de n’arrêter aucun contrat, même si la situation est dramatique. » Des répercussions économiques sont à craindre également du côté des exploitants, peut-être bien en peine, l’année prochaine, pour recruter des apprentis.
Au rayon des bonnes nouvelles tout de même, Didier Guillaume égraine : les 12 000 classes virtuelles ouvertes. Ainsi que les élèves de MFR et d’écoles vétérinaires mobilisés dans le cadre de la réserve sanitaire.
Se prêtant au jeu du question-réponse avec les sénateurs, c’est sur l’avenir de l’enseignement que le ministre était attendu. Concernant le déconfinement, pas d’annonce majeure : l’ouverture des établissements ne se fera que si les conditions sanitaires le permettent. Celle des centres de formation d’apprentis est d’ores et déjà autorisée, mais nécessairement compliquée pour les nombreux établissements multipôles (lycées, CFA…).
La capacité des internats devra être réduite, poursuit le ministre, pour assurer des conditions décentes. Cinq réunions de concertation devraient avoir lieu avec toutes les instances pour préparer la rentrée des lycées, insiste-t-il, maintes fois interpellé sur le manque de concertation avec les représentants professionnels pendant le confinement.
Pour calmer les inquiétudes des élèves quant à la rentrée, Didier Guillaume rassure : « Nous prendrons tous les inscrits, y compris en internat à la rentrée. Dans quelles conditions, je ne peux pas vous le dire… ». De même, les étudiants n’ayant pas validé leur stage ne devraient pas être sanctionnés pour l’obtention de leur diplôme. Concernant l’enseignement supérieur, si les concours écrits pour les classes prépas sont réaménagés, les oraux pour les concours passerelle (15 000 candidats) sont maintenus en juillet. « Ils jouent un rôle important pour recruter sur des aptitudes et non sur des critères purement académiques ».
Les propositions de sénateurs de reporter les calendriers de notes ou d’annuler les oraux de français sont, elles, balayées d’un revers de la main.
Soucieux de rassurer et avant la confrontation avec les syndicats, il conclut : « On a pris une grosse vague, mais l’objectif c’est d’arriver au port ensemble. »
Agathe Villemagne