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La progression de l’usage du vélo offre de véritables opportunités économiques dans les années et décennies qui viennent. Ainsi, lors des quatrième Rencontres régionales du vélo des Hauts-de-France organisées au mois de juin dernier, Franck Dhersin était évidemment présent en tant que vice-président en charge des mobilités et des infrastructures de transport. Mais, à ses côtés, on trouvait également Frédéric Motte, conseiller régional délégué à la transformation de l’économie des Hauts-de-France. Tout sauf un hasard, car le potentiel économique autour du vélo dans la région est réel.
« Vecteur d’attractivité et de retombées économiques », selon Frédéric Motte, le vélo a toute sa place dans l’économie des Hauts-de-France. La Région dévoilera son plan vélo d’ici quelques semaines et elle compte l’intégrer dans l’ambitieux projet Rev 3, dont l’idée est de construire une « région plus durable et plus solidaire pour et avec les hommes, les territoires et la planète » autour de la décarbonation.
Le cyclotourisme et son fort potentiel sont l’une des pistes, tout comme le développement de l’ensemble de l’écosystème autour du vélo : constructeurs, réparateurs, loueurs… La cyclologistique en est une autre, tout aussi prometteuse. Car si elle en est à ses débuts, elle pourrait bien connaître un fort développement dans les années à venir.
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Selon une étude du think thank The Shift Project, le besoin d’emplois est estimé à 110 000 équivalents temps plein pour la livraison en vélo en 2050. Sur le territoire nordiste, certains entrepreneurs sont d’ores et déjà dans le vif du sujet, portés en partie par l’association Les Boîtes à Vélo et son antenne régionale. Parmi eux, le Dunkerquois Nicolas Devaux. Après avoir créé son activité de mécanique itinérante à vélo en 2019, il multiplie aujourd’hui les casquettes, dont celle de la cyclologistique. Avec trois partenaires, il s’est lancé dans l’aventure de Cargoélan en 2022. L’entreprise s’occupe de la collecte des cartons dans les quartiers de Rosendaël et de Malo, à Dunkerque.
Avec un vélo cargo et une remorque qui peut contenir entre 1 et 2 mètres cubes de cartons, Cargoélan réalise le ramassage des cartons vides des commerçants de ces deux quartiers, une fois par semaine. « On effectue jusqu’à 10 vidages dans la journée, ce qui représente environ 1 tonne de cartons par jour », explique Nicolas Devaux, qui estime le temps de tournée à 8 heures en moyenne.
« L’activité couvre aujourd’hui un équivalent temps plein, mais l’objectif est de développer deux équivalents temps plein et demi d’ici fin 2024 », continue Nicolas Devaux. L’activité de Cargoélan a démarré avec la Communauté urbaine de Dunkerque par une simple expérimentation et celle-ci devrait être renouvelée.
« Sans une collectivité dernière, on n’y serait pas allé », concède celui qui est devenu au fil des années un fin connaisseur de la filière et qui est aujourd’hui administrateur des Boîtes à Vélo. « Le modèle de la cyclologistique et du travail à vélo reste très fragile aujourd’hui. On n’a pas d’investisseurs derrière, on se paye sur ce qu’on travaille, on n’est pas subventionnés. »
Mais le Dunkerquois estime que le potentiel est là pour différentes activités. La collecte des déchets, les livraisons de professionnels à professionnels ou encore pour ce que l’on appelle la logistique du dernier kilomètre : « Le colis que l’on commande en ligne qui va être livré par camion, puis dispatché et livré à vélo ».
L’un des premiers défis de la cyclologistique est de casser l’image qui veut qu’à vélo, on ne peut pas faire grand-chose, mais plutôt montrer qu’il est possible de réaliser de nombreuses tâches à bicyclette. Se développer sur tout le territoire est un autre défi. « En territoire rural, c’est très compliqué, mais ça ne veut pas dire que ce n’est pas faisable, estime Nicolas Devaux. C’est possible dans les petites villes, mais il faut trouver le modèle économique. À partir de 30 000 habitants, c’est possible. En dessous, ça demande un investissement politique. Et à partir de 100 000 habitants, c’est sûr, des choses peuvent se faire ! » Y a plus qu’à !
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Kévin Saroul