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La boucherie, cela n’a jamais été une vocation pour Laurent Richier.
« L’école n’était pas faite pour moi, une conseillère d’orientation a dit qu’il fallait que je me tourne vers les métiers manuels, c’est donc un peu par hasard que je me suis retrouvé dans ce milieu », raconte celui qui habite aujourd’hui à Loos, près de Lille.
Il commence son apprentissage à l’âge de 15 ans puis travaille dans des abattoirs et des boucheries notamment pour la grande distribution.
Un métier dont il finira par avoir honte. « J’ai travaillé dans une quarantaine de boîtes et je n’ai jamais pris de plaisir à découper les animaux… J’ai essayé de changer de voie mais il fallait bien que je gagne ma vie. »
L’ex-boucher assure qu’il a fait des « choses ignobles ». « J’ai fait de la remballe, on me demandait de faire de la chair à saucisse avec de la viande moisie depuis plusieurs jours, bien souvent les épices servaient à cacher le goût de la viande avariée, on vendait de la viande venue de l’étranger en disant qu’elle était française… Sans parler de la surconsommation qui entraîne un gâchis monstre. Dans certaines grandes surfaces, je jetais à la poubelle jusqu’à quatre chariots de viande par jour. »
Laurent Richer indique avoir tenté à plusieurs reprises de prévenir les services d’hygiène, en vain.
Des pratiques qui l’ont écœuré au point qu’il y a trois ans, il est devenu végétarien. Laurent Richer a également décidé de dénoncer ces pratiques. En novembre, il a sorti un livre intitulé Viande, si vous saviez, un boucher de la grande distribution parle, où il raconte son expérience.
« C’est un sujet trop important, on prend des risques sur la santé humaine. L’objectif n’est pas de forcer les gens à devenir végétarien mais plutôt de leur dire de faire attention là où ils achètent. Il y a des bouchers qui font bien leur travail et c’est chez eux qu’il faut aller. Se procurer la viande directement chez les producteurs peut aussi être une bonne solution. »
Hélène Graffeuille
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