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Il a déjà tourné la tête vers 2025 et préfère éviter de s’attarder sur 2024 qui ne sera décidément pas la miellée du siècle. François-Jean Priester, apiculteur de la Pévèle (lire aussi notre édition du 19 août 2022), clôt sa récolte en ce début du mois d’août. « Les conséquences se mesureront à l’automne. Ce qui est sûr c’est qu’il ne faut pas une deuxième année comme ça », prévient-il.
« Comme ça », c’est un hiver trop doux, un printemps trop frais, trop humide, un été trop moyen.
La faute aux colzas, qui ont fleuri en avance. « Deux semaines », précise-t-il. Lorsque les floraisons de printemps se sont exprimées en avril, le mercure était bien trop bas pour que les abeilles s’aventurent hors de leurs ruches. Mai a été pluvieux. « Entre la floraison des aubépines et des ronces, il s’est passé quasiment cinq semaines pendant lesquelles elles n’ont rien pu ramasser », retrace-t-il.
Un printemps précoce, un été à l’heure voire en retard, résultat : avec moins de ressources, les butineuses ont épuisé leurs réserves. « Déjà en mai, les colonies avaient des comportements de fin de saison : elles se débarrassaient des mâles et se mettaient en mode “économie d’énergie”. »
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Si 2023 était une année « moyenne » pour le miel de printemps, 2024 est bien loin derrière. François-Jean Priester estime sa récolte au tiers, une production qui s’est faite sur trois – quatre jours lorsque le soleil a enfin brillé le jeudi de l’Ascension. « Une miellée pas terrible, relativise l’apiculteur landasien, générale en France. »
Fin mai, il lui a fallu nourrir certaines ruches, « avec parcimonie », croit-il bon de préciser, pour éviter qu’elles ne meurent. Une première pour celui qui a fait de l’apiculture son métier. Son miel de tilleul ne pourra donc pas être estampillé “miel de tilleul de Picardie”, le cahier des charges de ce signe officiel de qualité interdit de nourrir les colonies après le 30 avril avec un autre aliment que le miel.
La floraison des acacias a offert aux colonies quelques réserves sans toutefois suffire pour récolter leur miel, d’autant qu’encore une fois, la pluie s’est invitée au mauvais moment sur cette fleur fragile.
Pour François-Jean Priester, la miellée d’été est « correcte mais pas bonne », surtout lorsqu’il compare avec 2022 et 2023.
Avec sa dernière récolte du 6 août, il estime la baisse de 30 à 40 % par rapport à la moyenne. « Voire 60 % par rapport à 2023 », enchérit-il, avec en tête « le printemps pas extraordinaire mais l’année globalement bonne voire extraordinaire en tilleul ». Ses ruches avaient donné 45 kg en miel de tilleul, se souvient-il, ce sera la moitié cette année. « Les colonies ont passé du temps à se remettre en état, elles n’étaient pas aptes à produire. »
Produire… ni se reproduire, car 2025 se prépare aujourd’hui. François-Jean Priester (retrouvez le sur facebook) s’inquiète déjà de l’état de son élevage. « Avec le mauvais temps, on ne sait pas si les reines seront bien fécondées pour l’an prochain. »
L’autre « gros point d’interrogation » concerne la pression du varroa, assez présent dans les colonies. « Une colonie infestée, c’est 15 % de production en moins mais c’est surtout plus de mortalité hivernale », récite-t-il.
Ses priorités à présent : choisir des reines performantes, bien fécondées, qui pondent bien et des colonies saines en varroa. Et voir ce que 2025 apportera.
Le guichet d’aide de crise aux apiculteurs a ouvert le 5 août, indique FranceAgriMer. Les intéressés ont jusqu’au 20 septembre 14 h pour déposer leur demande d’aide. Annoncé le 23 février, puis précisé le 16 juillet par le ministre de l’Agriculture, le dispositif vise à prendre en charge une partie de la baisse du chiffre d’affaires 2023 des exploitations apicoles ayant subi « les conséquences économiques de l’agression de la Russie contre l’Ukraine ». « Cette aide nationale sera dotée d’une enveloppe globale de 4,3 M€ » a précisé FranceAgriMer à Agra Presse. Pour en bénéficier, les exploitants apicoles doivent avoir subi, en 2023, une perte de chiffre d’affaires supérieure ou égale à 30 % par rapport à la période de référence à périmètre équivalent (moyenne olympique 2018-2022). Ils doivent détenir plus de 200 ruches (métropole) et être affiliés à la MSA ou à la CGSS, en qualité de chef d’exploitation agricole ou de non salarié agricole. Le taux de prise en charge de la perte de chiffre d’affaires est de 80 %, avec un montant plancher d’aide de 1 000 € et un plafond de 80 € par ruche, dans la limite de 25 000 € par entreprise (avec des modulations pour les Gaec, nouveaux installés, ou fortes variations du nombre de ruches).
© Louise Tesse