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La France est confinée depuis près de quinze jours mais certains éleveurs perçoivent les répercussions de l’épidémie du Covid-19 depuis des semaines. Toutefois, la situation étant inédite, il est impossible de savoir si les premières tendances observées sur les marchés agricoles s’inscriront dans la durée ou pas.
La filière porcine française est la première à avoir été impactée par la crise sanitaire. À Plérin, le prix du porc évolue au gré de l’évolution de l’épidémie du Covid-19 en Chine et de son expansion d’Asie vers l’Union européenne. Des problèmes logistiques, de plus en plus prégnants, créent des tensions sur les marchés avec des lots d’animaux invendus en fin de séance.
Dans la filière laitière, coup d’arrêt après sept mois de hausse de la collecte de lait. « La perspective d’une nouvelle crise économique mondiale pourrait dégrader la solvabilité des principaux pays importateurs et par voie de conséquence l’équilibre des marchés mondiaux des produits laitiers », analyse l’Institut de l’élevage (Idele) dans une note de conjoncture parue au début du mois de mars (Tendances Lait Viande N°310- mars 2020).
Tous les regards sont rivés sur l’évolution des cours du beurre, de la poudre de lait et des sous-produits. Déjà moins de produits sont importés en Asie. Une forte baisse des prix est redoutée si les opérateurs « tablent sur un excès de disponibilités dans les prochains mois » avant de se lancer dans les achats, analyse l’Idele.
Les pays producteurs de pétrole n’auront plus bientôt les moyens d’importer des produits laitiers si les cours du pétrole restent durablement bas. À l’échelle des exploitations, la baisse du prix du lait payé aux éleveurs dépendra du mix produit des entreprises auxquelles ils livrent leur lait.
Dans les bassins de production de viande bovine, les éleveurs sont dans l’expectative. Des pressions sont parfois exercées sur eux pour qu’ils acceptent de vendre leurs animaux moins chers, alors que la situation ne le justifie pas. Toutefois la crise sanitaire ne sera pas, là encore, sans conséquences, rapporte l’Institut de l’élevage dans sa dernière note de conjoncture.
Or, les enjeux sont importants. La France a exporté en 2018 (derniers chiffres connus) 1,13 million de broutards mâles et femelles et 269 000 veaux. En Italie, le principal débouché des broutards français (90 % des ventes), la crise sanitaire modifie les habitudes alimentaires des consommateurs et par conséquent des achats de viande.
« Les restaurants étant fermés et les familles italiennes devant rester à domicile jusqu’au 3 avril en raison de la fermeture des écoles et des universités, les achats en GMS et en boucherie sont en hausse…, analyse l’Institut de l’élevage dans sa note de conjoncture. Aussi, la viande polonaise, commercialisée principalement en restauration hors domicile, risque de se retrouver bradée ce qui pourrait provoquer une pression générale sur les prix ».
Une reprise avortée du cours de l’agneau français, c’est ce que redoutent les professionnels de la filière ovine à quelques semaines de Pâques. « On peut s’attendre à un report de consommation de la RHD vers la GMS, mais ce report va probablement pénaliser la consommation d’agneau qui a beaucoup lieu hors domicile », analyse l’Institut de l’élevage.
Alors que le cours est élevé dans les divers pays producteurs de l’UE, la Nouvelle-Zélande subit une chute d’activité commerciale. La baisse notable des exportations néozélandaises vers la Chine depuis la pandémie de coronavirus se traduit par un meilleur approvisionnement du marché européen. Ce qui pourrait, là encore, porter préjudice à la valorisation des agneaux français envoyés à l’abattoir.