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La crise sanitaire n’épargne pas les producteurs de lait. Cette épidémie plombe les marchés. La réduction des volumes achetés en est la principale cause.
D’un côté, les échanges internationaux sont suspendus. De l’autre, les volumes consommés par la restauration hors domicile ne sont pas reportés vers ceux consacrés à la consommation domestique. Selon l’Institut de l’élevage, « les prix de la poudre de lait pourraient, en un mois, passer en dessous du prix d’intervention ». Ce seuil correspond à un prix à partir duquel la Commission européenne achète les excédents de lait sous forme de poudre dans le but d’assurer les équilibres.
Face à la chute des cours, « les prix payés aux producteurs au printemps pourraient revenir au niveau de 2019 », alerte Gérard You, économiste à l’Institut de l’élevage lors d’un webinaire le 2 avril 2020.
Lire aussi le témoignage de Mathieu Delporte, éleveur dans le Nord.
Pour atténuer les effets de la crise, le Centre national interprofessionnel de l’économie laitière (Cniel) propose la création d’un fonds de solidarité. D’un montant de 10 millions d’euros, il permettrait d’indemniser les éleveurs qui réduiraient leur production. Une démarque qui se ferait sur la base du volontariat.
Pour cela, Thierry Roquefeuil, président de la Fédération nationale des producteurs de lait, appelle « les éleveurs à diminuer en avril leur production laitière de 2 à 5 % par rapport à leur production du même mois de l’année passée. » Selon, lui, cet effort commun permettrait de réduire la production d’avril de 30 millions de litres.
Par ailleurs, l’interprofession réclame l’ouverture du stockage privé européen. Dans une note, l’Institut de l’élevage annonce « que des mesures communautaires, gouvernementales et interprofessionnelles pourraient être décidées pour aider les éleveurs et la filière dans cette situation très particulière de régulation des volumes et d’aides à la perte de résultat d’exploitation notamment ».
Toutefois, assurer la pérennité des exploitations reste la priorité des éleveurs. L’institut, toujours dans sa note, incite les producteurs à utiliser certains leviers afin de moduler les volumes.
« Ils passent par l’ajustement de la ration (concentré de production, concentré azoté), une lactation raccourcie (tarissement), l’anticipation des réformes, la monotraite, et la distribution du lait aux veaux. La pertinence économique de ces leviers est à calculer en fonction du prix du lait, des éventuelles indemnités et des économies potentielles de charges. Toutefois, il faut privilégier ceux facilement réversibles, car des retournements de conjoncture peuvent intervenir. »