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Terres et Territoires vous propose de découvrir des marchés emblématiques du Nord-Pas de Calais. Direction le marché de Wazemmes, à Lille, considéré comme le plus grand marché de plein air d’Europe.
Certains l’appellent « le ventre de Lille », sourit Jacques Richir, adjoint en charge des halles et marchés à Lille. On parle ici du quartier de Wazemmes connu, notamment, pour son marché situé sur la place de la Nouvelle aventure.
Il a lieu trois fois par semaine : les mardi, jeudi et dimanche matin. Et c’est le dimanche matin qu’il est le plus impressionnant : il rassemble entre 380 et 400 commerçants et accueille près de 30 000 badauds, un nombre qui peut même monter jusqu’à 50 000 lorsque le soleil est au rendez-vous. Il est d’ailleurs considéré comme « le plus grand marché de plein air d’Europe », avance Jacques Richir. « Si on est agoraphobe, il vaut mieux fuir », plaisante Tristan Heili, guide conférencier de l’office du tourisme de Lille, « ou s’y rendre tôt le matin ».
Depuis plusieurs siècles, Wazemmes, qui était une ville indépendante de Lille jusqu’en 1858 (tout comme Fives, Moulins et Esquermes), et notamment l’actuelle place de la Nouvelle aventure, est un lieu connu pour faire la fête. « L’une des raisons est qu’avant que Wazemmes devienne un quartier de Lille, c’était une ville où il n’y avait pas de taxe sur la bière. Un certain M. Cordonnier y avait ouvert une guinguette avec des cafés, du théâtre, des salles de bal… C’était l’écrin des plus belles fêtes, les gens y venaient de toute la région, et même de Paris, pour s’amuser. C’était the “place to be” et l’alcool y coulait à flots », raconte le guide conférencier.
Puis l’aventure va commencer à battre de l’aile et la guinguette va tomber en désuétude. La Ville rachète alors l’endroit vers 1860 et y fait construire une halle de marché de style Baltard (du nom de l’architecte). Symbole du quartier, c’est le bâtiment des halles de Wazemmes que l’on connaît aujourd’hui, où l’on retrouve une vingtaine de commerces sédentaires. « À l’époque, elle y abritait plus d’une centaine de commerçants. Puis, pour accueillir tout le monde, la ville a décidé d’installer aussi des commerçants sur la place qui entoure les halles. »
Au début, c’était un marché alimentaire, mais aujourd’hui on y trouve de tout : fruits, légumes, pâtisseries, viandes, poissons, plantes, tissus, électroménagers, produits du monde ou encore objets de décoration… et pour tous les budgets ! « Cela lui donne un petit air de souk, c’est un marché où j’aime bien travailler ! », résume Mina Amara, vendeuse de textiles que les visiteurs peuvent retrouver le jeudi et le dimanche. Et Jacques Richir d’ajouter : « Nous sommes vigilants à garder un équilibre entre les produits vendus. Par exemple, quand un maraîcher décide de ne plus venir à Wazemmes, on essaie de le remplacer par un autre maraîcher. »
Si les habitants de la métropole lilloise aiment fouler ces allées, les commerçants aussi se bousculent pour y participer. Ils sont près de 450 à participer à, au moins, l’un des trois marchés hebdomadaires. « Une cinquantaine sont sur liste d’attente avec l’espoir de pouvoir y installer leurs étals dès qu’une place se libère », poursuit l’adjoint.
Si à l’origine, le quartier de Wazemmes était plutôt populaire, aujourd’hui il attire de plus en plus de cadres, « c’est devenu un quartier “bobo” qui offre une mixité intéressante lui donnant tout son charme », explique Tristan Heili. Une mixité qui se traduit évidemment aussi sur le marché : « On y rencontre des personnes de tous horizons, de toutes les cultures mais aussi de tous les âges. Et tout le monde vit très bien ensemble », enchérit Jacques Richir.
L’endroit fait maintenant partie des institutions lilloises : c’est un lieu à visiter pour les touristes, il est d’ailleurs régulièrement cité dans bon nombre de guides touristiques. Car la guinguette de M. Cordonnier a laissé un héritage : le marché de Wazemmes reste un lieu très convivial : « C’est joyeux et festif, on retrouve un peu l’esprit de l’incontournable Braderie de Lille », assure Jacques Richir.
Un autre des avantages du marché lillois, c’est qu’on peut y rester manger après avoir fait ses emplettes. Nombreux sont les commerçants à vendre des plats d’ici et de l’autre bout du monde prêts à être consommés sur place. Des tables et bancs ont été installés dans les halles pour y manger ce que l’on a acheté sur place et une multitude de bars et de restaurants entourent la place de la Nouvelle aventure. Dès que le temps le permet, les terrasses sont évidemment de sortie.
Parmi les lieux emblématiques du quartier de Wazemmes, on citera le café du Cheval blanc, situé rue des Sarrazins : « C’est une institution à Wazemmes, l’âme du quartier. Il est tenu par Monique et sa sœur Josette, que tout le monde connaît ici. On peut y boire un verre, y manger et on y fait surtout la fête. Le dimanche, lorsque les étals sont remballés, les gens se mettent à danser jusqu’au bout de la nuit ! » Alors si vous passez faire vos courses au marché, n’oubliez pas d’y faire un crochet.
Hélène Graffeuille
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