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La ferme du Recueil, à Villeneuve-d’ascq (59), était à l’abandon depuis trente ans. Mais Basile Millet et Octave Lemaître, deux jeunes entrepreneurs lillois, étaient bien décidés à la rénover. En 2020, ils ont commencé à y faire pousser des légumes sur une partie des 10 hectares mis à disposition par la fondation de Gérard Mulliez (ex-patron d’Auchan). Leur mentor ? Alain Pitten, leur associé et fondateur de l’association Les Jardins de la Fontaine du château de Croix (59), autre lieu appartenant à la fondation Fontaine. En créant un nouveau collectif, ils espèrent voire de nombreux maraîchers les rejoindre.
Nous sommes sur ce projet depuis septembre 2019, tout juste un an. Le maraîchage est notre priorité, mais nous aimerions développer de multiples activités liées à l’agroécologie (permaculture, apiculture, accueil de public, balades pédagogiques, restauration…). On a commencé à travailler les terres mi-mars, à semer mi-avril et à vendre mi-mai, à la sortie du confinement.
En ce moment, nous avons un stand en extérieur, en circuit ultra-court, avec nos légumes cueillis à la main le jour-même. Bientôt, nous aurons un local de vente : les travaux de rénovation de la ferme vont démarrer lors de cette rentrée 2020.
Pour cela, on s’appuie sur le fonds de dotation Fontaine, mis en place par l’ex-patron d’Auchan, Gérard Mulliez (mise à disposition du terrain, des semences, de l’outillage agricole…). Ils nous ont fait confiance car ils adhèrent à nos valeurs.
Penser “collectif”. C’est pourquoi notre statut juridique favorise les partenariats : une SCIC (société coopérative d’intérêt collectif) permet de créer des groupements d’associés. Notre idée est que d’autres maraîchers rejoignent notre projet, et pas que : écoles agronomes, associations, universités… Tout en mutualisant le plus de fonctions possibles (infrastructures, débouchés commerciaux, matériel etc).
On veut s’appuyer sur la force du collectif, car les maraîchers mènent leur activité seuls, alors que ce métier demande mille tâches et une énorme polyvalence. Notre vision sur le long terme est tournée vers la diversification, avec restauration sur place, vente en direct et activités pédagogiques, pour faire de cette ferme agroécologique collective, un lieu de vie et de formation.
Nous avons conscience de la beauté du lieu et de son potentiel : une dizaine d’hectares à Villeneuve d’Ascq (59) au cœur de la Métropole lilloise. Il y a de quoi faire ! Pour l’instant, nous ne vendons que des légumes mais nous projetons d’avoir un verger. Les gens auraient à disposition des barquettes et pourraient acheter ensuite le fruit de leur propre cueillette. Sur l’hectare de forêt, nous pourrions développer le concept de forêt-jardin, bien spécifique à la permaculture, avec l’organisation de balades et la création d’un écosystème forestier nourricier.
Pour ma part, j’ai étudié en école de commerce avec un intérêt particulier pour la transition agricole, alors j’avais envie de me confronter à cela. Mon associé s’est formé à Ferme d’Avenir et détient un Master en agroforesterie. Il a aussi aidé au lancement de l’association Les Jardins de la Fontaine à Croix (59) fondée par Alain Pitten, notre associé.
Dans les Hauts-de-France, les maraîchers ont le désavantage d’avoir une baisse de clientèle l’été, période où il y a le plus de productions légumières. En effet, les personnes vont en vacances dans le Sud ou ailleurs, mais rarement dans le Nord. D’où l’importance, sur le long terme, de s’orienter vers la transformation pour valoriser les invendus (excédant de production), diversifier l’offre et lisser le chiffre d’affaires. La solution est notamment de vendre en hiver ce qu’on a produit en période estivale. Comme notre velouté de courgette à découvrir incessamment sous peu…
Nous allons mettre en place un Drive début septembre, pour que les clients puissent commander leur panier directement en ligne et venir les chercher à la ferme. Évidemment, nous voulons aussi continuer d’élargir notre collectif. Travailler sur trois unités de maraîchage, d’1 hectare chacune, correspondrait à avoir six temps pleins.
Mais en attendant que la SCIC soit en mesure de produire suffisamment, tout producteur peut proposer son offre. C’est le cas d’un boulanger partenaire qui va venir vendre son pain sur place ; et d’un apiculteur venu installer ses ruches. Ce dernier est passionné par l’abeille noire des Hauts-de-France. C’est bon pour la pollinisation et nous pourrons revendre le miel à nos clients !
Légumes de saison et variétés anciennes
Ce projet de ferme urbaine s’appuie sur la vente d’une trentaine de variétés légumières réparties sur l’année, selon la saisonnalité. En cette pleine saison, les premiers clients ont pu bénéficier de la vente en direct d’une quinzaine de variétés anciennes de tomates, concombres, poivrons, aubergines, courges (potimarron, potiron, pâtisson, butternut), courgettes, chou kale (type de chou ancien), blettes, navets, pommes de terre, carottes…
Propos recueillis par Lauren Muyumba