Votre météo par ville
En trois ans, que de chemin parcouru pour Xavier Delannoy et son entreprise Etika spirulina. Après avoir testé chez ses parents la culture de la spiruline de retour d’un séjour solidaire aux Philippines, il s’était installé sur la ferme urbaine du Trichon, à Roubaix (59), avec un bassin de 40 m2.
Lire aussi : La spiruline, ingrédient porteur d’un jeune nordiste
Il est désormais installé depuis un an sur la ferme urbaine de Villeneuve-d’Ascq (59), grâce à l’association Récoltes & Nous, dont l’objectif est de concilier le monde agricole et le monde urbain en mettant des terres à disposition de porteurs de projets.
Lire aussi : Agriculture urbaine : Les initiatives germent
Deux serres ont vu le jour avec 400 m2 de bassins dans lesquels se développe la fameuse spiruline, labellisée bio depuis la fin du mois de mai.
“C’est grâce à un changement au niveau européen que la spiruline peut être bio. Avant, on ne pouvait pas car on rentrait dans la catégorie des algues marines. Alors que par équivalence, la spiruline hors Union européenne pouvait être bio“, confie Mickaël Duvette, arrivé dans l’aventure en février comme responsable commercial.
Cette microalgue, qui aime la chaleur, est récoltée de mai à fin novembre. Dans de l’eau saumâtre additionnée de bicarbonate, de phosphate ou encore de minéraux sont introduites des souches de spiruline qui se multiplient naturellement avec la chaleur et la lumière naturelle.
“On récolte presque tous les jours entre 15 et 20 kilos.”
Dans l’eau bleue verte à laquelle la spiruline donne sa couleur, impossible de la voir, tout juste de la deviner tourbillonnante au gré des remous imposés à l’eau par des pompes pour qu’elle ne se fixe pas au fond du bassin. Il faut dire qu’elle ne fait que 0,1 millimètre.
Une culture bio qui se veut aussi responsable. Les serres ne sont ni chauffées, ni éclairées artificiellement. L’électricité provient d’un fournisseur d’énergie verte et l’eau est ajoutée parcimonieusement au fil de son évaporation. Les bassins ne sont vidés et remplis qu’une fois par an. Et la spiruline capte du CO2 par la photosynthèse.
Xavier Delannoy a fait le pari de la spiruline fraîche et surgelé. Leurs client(e) s ? Majoritairement des femmes de plus de 50 ans, mais aussi des sportifs “pour la récupération et l’énergie”.
“Les cibles sont assez variés. On peut avoir des gens qui font une cure d’un mois aux changements de saison. D’autres en consomment toute l’année. Nous sommes les seuls de la région à la proposer sous cette forme. Et les seuls à être bio, détaille le responsable commercial. Mais il y a un gros travail sur l’éducation du consommateur sur l’intérêt et les bienfaits de la spiruline fraîche.”
Pour démocratiser sa consommation, “l’entreprise mise beaucoup sur des visites de son exploitation et des ateliers“, précise Mickaël Duvette, embauché pour développer la vente et conquérir de nouveaux territoires, dans la région et au-delà.
Justement, l’entreprise ouvre ces portes ce samedi. En attendant, pour faire croître justement les ventes et toucher un plus vaste public, habitué à la consommer sous forme déshydratée, “on va la lancer sous forme de comprimés. De nouveaux produits vont arriver en septembre“.
À deux pas de là s’est installée Céline Bocquet sur une parcelle de 4 000 m2 en maraîchage. Autour, quelque 600 arbres fruitiers ont été plantés en avril et une maison des projets devrait voir le jour autour de l’agriculture. À deux pas, il y a aussi la brasserie du Moulin d’Ascq avec laquelle Etika spirulina s’est associée pour produire une bière bleue, grâce à l’incorporation de la phycocyanine, le pigment qui donne sa couleur à la spiruline. Près de 4 000 litres ont ainsi été brassés et mis en bouteille. Une production que l’on peut retrouver dès à présent dans les magasins bio.
Dès le début, Xavier Delannoy a mené de front entreprise en France et actions solidaires en Asie. Aux Philippines, le but est de financer des micro-crédits à des femmes qui cultiveraient de la spiruline. Spiruline qui serait achetée par une association pour fournir des cantines et lutter contre la malnutrition.
Le projet est encore en phase de tests, notamment pour vérifier l’intérêt de la spiruline dans la malnutrition. Les premiers résultats sont positifs.
En parallèle, Etika spirulina a été missionnée par l’Onu pour développer des micro-fermes en Indonésie.
Claire Duhar