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Fondée en 2016, Innovafeed élève, dans son usine pilote du Nord, l’Hermetia illucens, le doux nom de la mouche soldat noire. L’une des sept espèces autorisées par l’Union européenne pour nourrir les animaux d’élevage. Chez Innovafeed, elle est élevée dans une ferme verticale.
Les larves grandissent pendant huit jours et se nourrissent d’une litière 100 % végétale de coproduits de blé. Elles sont ensuite séchées puis pressées. Tout est utilisé dans la mouche : l’huile, issue du broyage, est riche en acides gras. La poudre est, elle, constituée à 100 % de protéines végétales.
Ces deux produits peuvent remplacer des protéines animales ou végétales comme l’huile de soja ou la farine de poisson dans l’alimentation animale. « Notre volonté est de développer des filières innovantes et durables », explique Chloé Phan Van Phi, directrice de filière chez Innovafeed. Après la truite nourrie aux insectes, voici donc le poulet à l’huile d’insecte.
Pour que ce projet voie le jour, Innovafeed a travaillé main dans la main avec Nealia, spécialiste de la nutrition animale dans le Boulonnais, pour élaborer une formule spéciale permettant de remplacer 100 % de l’huile de soja par de l’huile d’insecte, soit 1 % de l’alimentation des poulets. « Elle permet d’améliorer la santé intestinale des animaux, tout en ayant les qualités nutritionnelles des autres huiles, un impact carbone inférieur de 80 % à l’huile de soja, et pas d’utilisation de terres arables. »
En mars, un éleveur champenois a accueilli 4 000 petits poussins. Pendant plus de 82 jours, ils ont été nourris et élevés en plein air comme des poulets Label Rouge, à la seule différence que l’huile de soja a été remplacée par l’huile d’insecte.
Prochaine étape : transformer l’essai et l’élargir à la filière volaille en France.
Innovafeed travaille également sur la filière porc. « L’huile d’insecte aurait des bénéfices pour la santé des porcelets dans la phase de post-sevrage en réduisant les diarrhées », avance cette spécialiste, qui tourne son regard vers un développement international. Dans quelques mois devrait ouvrir leur nouvelle usine à Nesle, entre Amiens et Saint-Quentin.
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Cet investissement de 50 millions d’euros permettra à Innovafeed de passer à une production industrielle 50 fois supérieure à celle de Gouzeaucourt, ce qui en fera la plus grande usine de production d’insectes du monde.
Claire Duhar