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Avec la betterave, la chicorée et la pomme de terre, l’endive fait partie des cultures emblématiques du Nord-Pas de Calais. Et plus particulièrement, l’endive de pleine terre. Contrairement à sa sœur cultivée en salle, l’endive de pleine terre, comme son nom l’indique, est cultivée à même le sol. Cette technique traditionnelle, dont les résultats sont plus aléatoires que la culture en salle, est depuis dix ans labellisée Label rouge.
« Pour obtenir le label rouge, il faut présenter à l’INAO (Institut national de l’origine et de qualité, ndlr) un cahier des charges et des critères qui différencient notre produit des autres produits similaires sur le marché », explique Olivier Lefebvre, président des producteurs d’endives de pleine terre, installé à Fournes-en-Weppes (59).
« Il y a dix ans, il a donc fallu trouver ces fameux critères. Trois ont été retenus par l’INAO : le contact avec la terre, le croquant différent et une meilleure conservation. Ce sont les trois seuls critères que nous avons le droit de faire apparaître sur le conditionnement, détaille Olivier Lefebvre. S’ajoute à cela finalement notre cahier des charges que nous définissons nous-même. »
Ce cahier des charges a, par exemple, conduit à la suppression de certaines variétés ou au fait que la culture doit être à même le sol et non dans des bacs.
Les producteurs sont contrôlés deux fois par an : une fois par le marché dont ils dépendent (en grande partie le marché de Phalempin) et une fois par un organisme certificateur.
8 000 tonnes d’endives de pleine terre ont été produites en dix ans.
40 producteurs pratiquent cette culture en 2024.
13 installations de jeunes agriculteurs en dix ans.
18 à 30 jours de forçage en couche de 12,5 mètres.
7 000 racines pour une couche de 12,5 mètres.
Selon Olivier Lefebvre, « il y a eu un vrai avant et après le Label rouge, pas tant sur les ventes mais sur le prix et donc sur la résurgence de la pratique ». En effet, aujourd’hui, ils sont une quarantaine à faire des endives de pleine terre. « On était 35 il y a dix ans et puis il y a eu des départs, certes, mais aussi des nouveaux. Quinze en tout ! Et ça, c’est l’effet Label rouge car plus personne ne s’installait en endives de pleine terre ! »
Il faut dire que l’endive de pleine terre est contraignante : chauffer le sol, le besoin de main-d’œuvre… « On est tous des petits producteurs, en famille car c’est aussi une culture plus imprévisible que lorsque c’est fait en salle donc c’est difficile d’employer des gens pour cela. »
Le Label rouge a aussi beaucoup joué sur la rémunération des producteurs. Selon Céline Flament, acheteuse endives pour Auchan, « sur les endives “classiques” on tourne autour de 3,49 € le kilo contre environ 5 € pour les endives de pleine terre. Sachant que les deux ont augmenté par rapport à l’an passé. On était en dessous des 3 € le kilo pour les endives classiques par exemple. Il faut aussi savoir qu’on ne vend pas les endives de pleine terre au kilo mais par paquet de trois à cinq pièces. »
Selon les chiffres 2022 de Qualimentaire, près de 41 produits Label rouge sont produits dans les Hauts-de-France. Dans le détail, on compte 10 produits carnés, 4 produits de la boulangerie, 14 productions dans la catégorie volailles et œufs, 6 productions de légumes et 7 produits de la mer.
En ce qui concerne les produits carnés, on trouve par exemple la production de vaches Blanc Bleu ou de Charolaises ou encore d’agneau de plus de 13 kg de carcasse. Les volailles de Licques font évidemment partie des produits Label rouge de la catégorie volailles et œufs. Côté produits de la mer, il y a le célèbre filet de hareng fumé ou encore la culture de noix de Saint-Jacques. Pour ce qui est des produits de boulangerie, la production de farine pour pain de tradition française et la célèbre baguette font partie du palmarès. Enfin, côté légumes, les lingots du Nord, la betterave rouge cuite sous vide mais aussi la culture de pommes de terre Pompadour sont labellisés Label rouge.
Côté vente, « il y a une demande pour ce genre de produits car le Label rouge est très bien identifié par les consommateurs. Plus, par exemple, que les IGP (Indication géographique protégée), AOP/AOC (Appellation d’origine protégée/contrôlée) », explique Céline Flament.
Pour Pascal Delebecque, responsable développement du marché de Phalempin, « il peut y avoir une confusion entre bio et Label rouge chez certains consommateurs ! Mais une chose est sûre, ils sont rassurés par le Label rouge. »
Sur les 27 000 tonnes d’endives que le marché de Phalempin vend par an, 1 000 tonnes sont des endives de pleine terre. « C’est un marché de niche mais il y a une vraie demande. » Bref, les endives de pleine terre ont encore de beaux jours devant elles.
Eglantine Puel
Dans le cadre de notre partenariat avec BFM Grand Lille, retrouvez l’émission Planète locale du lundi 05 février 2024, au sujet de la filière des endives :