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C’était la Semaine nationale de l’emploi agroalimentaire du 6 au 10 novembre. À cette
occasion, une centaine d’actions ont été mises en place pour mettre en lumière ce secteur
qui recrute particulièrement dans la région.
Mardi 7 novembre, plus de 200 personnes en recherche d’emploi se sont rendues à Loisinord à Nœux-les-Mines (62) pour participer à l’un des job-dating organisé dans le cadre de la Semaine nationale de l’emploi agroalimentaire.
Une soixantaine d’offres d’emploi dans le secteur agroalimentaire étaient proposées et plusieurs entreprises de la communauté d’agglomération de Béthune-Bruay, Artois-Lys Romane (CABBALR) étaient présentes pour rencontrer les candidats. Cette dernière est d’ailleurs à l’origine de cette action : « Nous sommes labellisés Territoires d’industrie, et, comme dans toute l’industrie, le secteur agroalimentaire a de nombreux postes à pourvoir », confirme la direction du développement économique et emploi de la CABBALR.
Dans les Hauts-de-France, 6 800 projets de recrutements ont été recensés en 2023. Parmi les postes les plus en tension : les conducteurs de lignes, les techniciens de maintenance ou encore les opérateurs de production. Des postes qui ont parfois mauvaise presse et peinent à trouver candidats.
Pour certains métiers, une formation adéquate et une expérience sont incontournables. « C’est le cas des postes de technicien de maintenance. Mais les candidats ne sont pas toujours faciles à trouver alors dans certains cas nous conseillons de se tourner vers l’alternance ou encore la reconversion professionnelle. Les compétences d’un mécanicien agricole ou automobile sont transférables vers la maintenance industrielle », assure Marine Duquesne, responsable adjointe du GE GEIC 3 A (groupement d’employeurs pour l’insertion et la qualification agricole agro-alimentaire).
D’autres postes sont, en revanche, ouverts à tous : « Les hommes, mais aussi les femmes, diplômés ou non », précise la direction du développement économique et emploi.
À l’image de Délifrance, basée à Labeuvrière, qui confectionne des viennoiseries, pains ou encore des pâtisseries surgelés. « Nous recherchons des personnes avec une formation en boulangerie, mais pas seulement, insiste Thibault Sergeant, directeur de l’usine. Nous sommes aussi ouverts aux candidats sans formation qui possèdent l’état d’esprit, c’est-à-dire le savoir-être, la politesse, la ponctualité, la disponibilité et la motivation. Le reste, on s’en occupe ! L’entreprise a les capacités de les former. » Et le directeur de l’usine de préciser : « Soyons lucides : pour travailler en agroalimentaire, il faut être courageux ! Nous avons beaucoup de clients et sommes donc obligés de travailler de jour comme de nuit et cela tous les jours de l’année, y compris le week-end et les jours fériés. »
Des conditions qui peuvent effrayer certains candidats comme Sarah, 22 ans qui, CV à la main, est à la recherche de son premier job : « Je ne pense pas que je suis prête à accepter de travailler de nuit et les week-ends, je tiens à garder une bonne qualité de vie », sourit la jeune femme. En revanche, Kenny a déjà travaillé dans l’agroalimentaire et sait parfaitement ce qui l’attend : « Je peux travailler de jour comme de nuit. Je suis motivé, tout me va ! », avance le jeune homme de 24 ans.
Alors pour attirer leurs futurs salariés, « les entreprises doivent se vendre, communiquer sur ce qu’ils font sur le bien-être au travail, sur leurs avantages sociaux… », constate-t-on à la direction du développement économique et emploi de la CABBALR. « Les salariés de Délifrance bénéficient d’augmentation généralisée tous les ans, une prime de performance en sécurité, qualité et productivité vient également d’être mise en place et il y a de plus en plus d’automatisation pour réduire la pénibilité », détaille le directeur d’usine Délifrance.
Au GE GEIC 3 A, on travaille également sur l’image de ces métiers. Ainsi des Mornings 3 A sont régulièrement organisés. Le principe : faire se rencontrer le temps d’une matinée demandeurs d’emplois et employeurs afin d’échanger et de faire tomber les préjugés. « C’est vrai que dans certaines professions on travaille dans le bruit ou dans le froid, mais il y a des équipements adaptés », assure Marine Duquesne.
Hélène Graffeuille
Les étudiants de l’ISA Junia ont bénéficié jeudi 2 novembre d’une présentation de la filière agroalimentaire par Agro-sphères.
Quand on pense agroalimentaire dans les Hauts-de-France, on pense frites surgelées et sucre de betteraves. Pourtant, selon Fanny Desrousseaux, chargée de mission chez Agro-sphères, association rassemblant des acteurs de l’agroalimentaire régionaux, on peut manger local « du petit-déjeuner au dîner, de l’apéritif au dessert »! Les Hauts-de-France sont, en effet, la quatrième région agroalimentaire française avec 45 000 salariés et 800 sites. Dans les Hauts-de-France, 98 % des entreprises d’agroalimentaires sont des PME. On y trouve, entre autres, des entreprises de plats préparés, de transformation de pommes de terre et de pains/pâtisseries. Et en France, l’industrie agroalimentaire est le premier employeur du secteur industriel.
« L’industrie agroalimentaire française est l’une des plus saines au monde » entre les réglementations et contrôles effectués dans les usines et sur les produits. « Les évolutions de l’industrie agroalimentaire sont souvent liées à des scandales sanitaires ou des crises », explique Fanny Desrousseaux. Par exemple, les années 1940 marquent la création des supermarchés, des DMC (dates de durabilité minimale) et de l’OMS (Organisation mondiale de la santé). Les années 1970 en revanche voient se succéder les scandales, suivis dans les années 1990 de la crise de la vache folle et autres, qui entachent durement l’image de la filière. Mais aujourd’hui, le paysage a grandement changé.
Plus d’encadrement, on l’a dit, mais aussi plus de diversité. « Depuis plusieurs dizaines d’années maintenant, on voit la consommation de viande et de légumes baisser au profit des plats préparés, des chocolats et des boissons », indique Fanny Desrousseaux.
Mais comment les Français choisissent leurs produits ? Selon, dans l’ordre, le prix, la provenance, la composition, la qualité de fabrication, les qualités nutritionnelles. « On constate aussi une augmentation du facteur impact environnemental. » Pour les « provenance » et « qualité », il semblerait que les labels soient facteurs de confiance. En revanche, le label bio n’est pas un gage de « sécurité » pour les Français.
Autre évolution : la multiplication des régimes alimentaires. « On a beaucoup parlé de la vague végétale et de l’essor des vegans. En réalité, c’est plus nuancé », précise Fanny Desrousseaux. Selon les chiffres de FranceAgriMer, dans une étude de 2020 sur 15 000 personnes, seuls 2,2 % des interrogés déclarent avoir un régime sans viande, 24 % déclarent être flexitariens (c’est-à-dire limiter volontairement leur consommation de viande) et les 74 % restant se classent comme omnivores. « Cela pose la question de s’il y a réellement un marché vegan pour l’industrie agroalimentaire. »
Autre tendance observée : celle du « clean label » ou le fait de baisser le nombre d’ingrédients pour avoir des compositions « propres ». « C’est un enjeu pour nous car il faut parvenir à garder les qualités gustatives et de conservation, avec moins d’ingrédients. » Mais ce n’est pas le seul défi que doit relever l’industrie agroalimentaire selon Fanny Desrousseaux : souveraineté alimentaire, décarbonation, transition numérique, zéro déchet… et guerre des prix.