Votre météo par ville

Un marché des grains durablement haussier ?

06-10-2021

Actualité

C’est tout frais

Les cours des céréales et des oléagineux ont bondi depuis plusieurs mois. La demande mondiale étant plus importante que l’offre. Les cours risquent d’évoluer dans la même direction d’ici les prochaines récoltes des agriculteurs de l’hémisphère sud.

La Chine a repri ses importations de blé et de maïs de plus belle, une fois que la crise de la Covid s’est estompée. © AdobeStock

La Chine refait ses stocks. C’est en partie la raison pour laquelle les cours de matières premières agricoles flambent. Sur le Matif, marché de référence, les cours ont atteint les 256 €/t pour l’échéance de décembre 2021. Du jamais vu depuis de nombreuses années.

« Nous nous trouvons dans une situation d’après crise de la Covid où de nombreux pays sont demandeurs de céréales, explique Jean Deray, directeur céréales chez le groupe Carré. On peut dire qu’on assiste au réveil de la Chine et de l’Asie en général, qui refait ses stocks. Tout comme le moyen orient qui a doublé ses achats de 3 à plus de 5 millions de tonnes de blé. »

Même constat pour l’Afrique du Nord, principal client de la France. « Les pays achètent le blé à plus de 400 euros la tonne, pour éviter de revivre le printemps arabe, les gouvernements achètent la paix sociale en nourrissant sa population mais jusqu’à quand et à quel prix ? »

Sur notre marché intérieur, la demande reste élevée avec notamment les fabricants d’aliments du bétail qui consomment beaucoup de blés fourragers, nombreux cette année.

Un déficit de production

Face à cela, de manière générale, les stocks des pays exportateurs sont au plus bas. C’est du jamais vu. Au total, on note un déficit de 8,6 millions de tonnes dans le monde par rapport aux années précédentes.

De plus, ces mêmes pays, ont quasiment tous subi un accident climatique . « Le Canada et les États-Unis ont subi une grosse sécheresse, la production est revue en baisse de plus de 10 millions de tonnes, explique Jean Deray. En Russie, même si c’est assez opaque, la production n’est pas aussi bonne qu’espérée (- 10 millions de tonnes également) et les taxes à l’exportation sont maintenues au moins jusqu’à Noël, ce qui incite les agriculteurs à stocker leurs marchandises. »

Finalement, seule l’Ukraine a fait une bonne moisson (+7,4 millions de tonnes) mais ne pourra pas combler l’appétit des pays importateurs. Toutefois, dans l’hémisphère sud, notamment en Australie et Argentine, les récoltes de blés s’annoncent bonnes voire très bonnes. Mais la potentielle marchandise n’arrivera pas sur le marché avant début 2022.

Le maïs joue un rôle important

En Europe, la production est revue également en hausse de 15 millions de tonnes par rapport à 2020, mais l’année dernière la récolte avait été exceptionnellement basse. « Finalement, nos problèmes de qualité de blés risquent de ne pas trop être pénalisants dans ce contexte très demandeur, reconnaît le directeur des céréales. Même si nous subissions une décote, les prix sont déjà très élevés. »

Du côté du maïs, qui a un rôle très important cette année, la Chine, encore elle, a multiplié ses importations par quatre depuis la fin du Covid. « S’il n’est pas facile d’interpréter ces achats, on sait quand même que le pays cherche à être autosuffisant en viande de porc et doit nourrir leurs élevages » , interprète Jean Deray.

De l’autre côté du globe, le Brésil, un des principaux pays producteurs de maïs a vu sa récolte réduire de 5 millions de tonnes. Quant aux États-Unis et au Canada, la sécheresse a aussi joué les troubles fêtes pour cette culture.

2022, chamboulement des cours ?

En attendant les récoltes de l’hémisphère sud, les cours devraient rester aussi haussiers. « Je ne vois pas d’éléments à court terme qui pourrait plomber les cours, constate-t-il. L’inflation est générale, tous les prix des matières premières s’envolent et le fret également. Mais combien de temps ça va durer ? En janvier nous devrions en savoir davantage sur les niveaux d’emblavements, qui devraient être en hausse dans un contexte pareil, et les récoltes des autres pays. »

Si pour les céréales, les signaux sont aux verts, pour les oléagineux c’est également le cas. Le marché référent, celui des huiles a bondi de 40 à 45 %, passant la barre des 650€/t. « Le principal pays producteur, la Malaisie a réduit sa production faute de main-d’œuvre et de productivité, explique Jean Deray. Si l’huile a doublé de prix, la graine n’a pas de limite. Les triturateurs achèteront aussi cher la graine qu’ils pourront revendre l’huile.»

À cela s’ajoute une moindre production de canola au Canada (principal producteur de colza), pour cause de sécheresse. Toutefois, l’Australie, qui s’attend à une bonne récolte, risque de calmer un peu le marché en janvier.

La récolte de l’hémisphère sud qui devrait commencer en janvier sera décisive sur la tenue les cours aussi haut. Mais comme le disent les experts, « on a déjà atteint des sommets records en matière de prix des matières premières agricoles. »

Lucie Debuire

Lire aussi : Les prix des aliments pèsent sur les coûts de production des porcs

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Noël autrement (4/4). De garde avec les soignants
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Noël autrement (3/4). Une fête aux accents d’ailleurs
À l'approche de Noël, nous sommes allés à la rencontre de personnes qui célèbrent cette fête de manière différe [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Découvrez le supplément élevage – Avril 2024

Numéro 360 : 12 avril 2024

3 questions à Quentin Blond,vétérinaire et président du Conseil régional de l’ordre des vétérinaires pour les Hauts-de-France
  quentin blond, vétérinaire et président du conseil régional de l’ordre des vétérinaires pour les Haut [...]
Lire la suite ...

Mettre en commun ses forces pour mieux fonctionner
Travailler en Coopérative d'utilisation des matériels agricoles peut favoriser le bien-être des éleveurs en leur lib [...]
Lire la suite ...

La traite, un moment clé à ne (surtout pas) négliger
La traite est un moment important de la journée, mais elle peut aussi s'avérer pénible, à la fois pour le trayeur et [...]
Lire la suite ...

Une charte pour le bien-être animal
Créée en 1999, la charte des bonnes pratiques d'élevage ne cesse de s'adapter aux demandes sociétales et réglementa [...]
Lire la suite ...

Au cœur des terres

#terresetterritoires