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Le lycée professionnel de Bavay (59), rattaché en 2020 à l’Institut de Genech, nourrit un partenariat avec l’Institut technologique horticole (ITH) de Gembloux, dans les Ardennes belges. C’est dans ce cadre, doublé du programme Erasmus + , que huit élèves en bac pro forêt sont partis deux semaines en stage (du 9 au 20 octobre) dans des entreprises wallonnes, de l’autre côté de la frontière. Pas si loin, mais bien assez pour se nourrir des autres.
Les élèves en bac pro forêt sont amenés à exercer dans divers métiers liés au bois : exploitation, gestion forestière, technico-commercial, conduite d’engins, sylviculture, garde forestier… Les débouchés sont variés d’où l’importance de « tester » les différents milieux.
Accompagnés de la référente mobilité internationale, par ailleurs professeur d’anglais, Noémie Baudry, quatre élèves de première forêt – Loïc Potdevin, Baptiste Cadart, Mathias Petit et Tom Douanne – et quatre autres de Terminale forêt – Louis Barruci, Raphael Huguet, Oscar Courtens et Arthur Offre – ont profité de l’échange européen pour réaliser une partie de leur stage annuel en Belgique. Dans leur cursus, ils font sept semaines de stage en seconde, 10 en première et 14 en Terminale afin de conforter leurs acquis scolaires et de confronter leur projet professionnel aux réalités du terrain.
« Nous avions reçu des étudiants belges en mars, pendant trois semaines : ils étaient en stage dans la région et logeaient à l’internat du lycée », détaille la professeure. Le programme Erasmus + permettait ainsi de faire le trajet retour. « Nous étions logés dans un gîte à une heure de Bavay. Après une journée d’insertion à l’école, nous avons réalisé des stages dans divers domaines », pose l’un des lycéens. « Stage trouvé par nos partenaires belges, tout comme nous nous étions chargés de trouver ceux des élèves belges quand ils étaient venus », précise Noémie Baudry.
Ce sont les Terminales, des jeunes hommes âgés de 17 à 19 ans, qui partagent cette aventure avec nous, et tant pis pour le contrôle de maths qui se déroule quelques salles plus loin. Arthur et Raphael ont fait leur stage sur une exploitation spécialisée dans les chantiers compliqués. « Une entreprise qui travaille avec des pelles araignées notamment, qui permettent d’intervenir sur des terrains très accidentés et dans des pentes jusqu’à 90 ° », raconte Arthur, de son débit mitraillette. Un engin qu’ils ont eu le plaisir de pouvoir manipuler, peu courant dans nos plats pays.
Louis a, lui, fait son stage dans une entreprise d’exploitation forestière et d’intervention dans les parcs naturels. « Dans un parc naturel, nous avons dû couper des arbres pour permettre le passage du soleil et favoriser les petits animaux. Dans une forêt publique, nous avons éclairci un peuplement de chênes rouges d’Amérique », liste le jeune homme qui a innové en manipulant pince à grumes ou combiné permettant de transformer le bois, et qui a beaucoup apprécié la confiance accordée immédiatement par son maître de stage belge dans cette petite entreprise familiale pour « une relation similaire » à celle qu’il entretient avec Arnaud Dubois (!), son maître de stage en France. Pour Oscar enfin, l’expérience a consisté à suivre l’activité dans une entreprise de sylviculture, « de la plantation d’arbres au dégagement en passant par la protection contre le gibier ».
Des expériences professionnelles et le rythme qui va avec, les lycéens commençant à des horaires différents mais devant tous grimper en même temps à bord du minibus qui faisait la tournée des entreprises. Sur les techniques, des similitudes mais des outils différents parfois, comme la pelle grue araignée peu courante sous nos latitudes, et un ordre des étapes divers parfois.
Quelques nuances aussi : ici on utilisera la tête de l’arbre pour le bois de chauffage quand là on la valorisera plutôt en broyage. Pour Raphael, son stage a permis « une découverte des interventions davantage manuelles », et a même réorienté son choix de stage en France vers ces pratiques. Pour Oscar au contraire, l’expérience si intéressante fut-elle, lui a confirmé son choix de travailler dans l’exploitation plutôt qu’à l’amont. En écoutant les jeunes hommes relater leur voyage studieux, « petit-déjeuner, minibus, journée de travail, douche, repas et préparation du pique-nique pour le lendemain et des affaires… », on en oublierait presque les temps de loisirs.
Et le week-end a été bien mis à profit à cet effet : visite du circuit automobile de Spa-Francorchamps (lire leur carte postale ci-dessous) après qu’Oscar, le monsieur automobile du groupe, en a découvert la proximité lors d’un chantier en forêt au son des tours de pistes, avant un petit restaurant bien mérité. Le lendemain, accrobranche (ils n’en ont décidément jamais assez des arbres) avant un fast-food, un laser game puis une soirée coupe du monde de rugby avec un match de la France ce soir-là, « agrémenté de quelques spécialités locales », précise Noémie Baudry qui promet que la découverte s’est faite « avec modération ».
Et pour le partage, les deux vendredis ont été passés avec les étudiants belges : le premier dédié à une immersion en forêt, « des bois appartenant à une fille de la famille royale belge », explique l’un des lycéens (cf. photo 3) et le deuxième dans un comptoir à graines forestier : des élagueurs grimpaient pour récolter cônes et autres fruits des arbres sélectionnés en vue de reproduction.
Un voyage dans le sens noble du terme, où chacun a vécu et appris. Y compris dans les moments les plus anodins comme l’explique Louis : « Nous avions parfois pas mal de route vers les chantiers et mon maître de stage en profitait pour me raconter l’histoire des villes et du pays. Une découverte au-delà du professionnel. » Tout l’intérêt de ces voyages, à consommer, eux, sans modération.
Justine Demade Pellorce
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