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Au cœur des Flandres, le jeune Vivien Outters vit de sa passion tous les jours au sein des vergers biologiques du même nom. Le jeune homme a le parcours classique de celui qui prend la tête de l’exploitation familiale : lycée agricole à Hazebrouck, BTS ACSE à l’institut de Genech puis licence en management agricole. Pourtant, Vivien Outters l’avoue, même si ce choix peut apparaître comme une évidence, c’est une décision qui se réfléchit.
Et ça tombe bien, à 26 ans, le jeune agriculteur a la tête sur les épaules. « Le monde agricole, ce n’est pas évident, alors oui, j’ai d’abord hésité. On n’est jamais sûrs. On se dit : est-ce que c’est vraiment pour moi le monde agricole ? Est-ce que je le sens ? Est-ce qu’il y a de l’avenir ? Reprendre une ferme familiale, ça peut faire peur aussi. On réfléchit, et puis on se lance, et on y va », dit-il avec le sourire de ceux qui savent qu’ils ont fait le bon choix.
Après avoir été salarié pendant trois ans sur l’exploitation, il est finalement devenu l’associé de son papa, Benoît, en 2022. « Mon grand-père a planté ici les premiers pommiers en 1954, raconte Vivien Outters. Dans la foulée, il a planté des poiriers dans les années 1960. Papa a repris en 1985 et en 1996, il a débuté sa conversion vers l’agriculture biologique. De par sa philosophie et parce qu’il a eu une période où il a été malade des produits. » Le père a été l’un des premiers à se convertir au bio dans le coin et ça a été « très dur au début », explique le fiston. Puis les mentalités ont changé, les consommateurs aussi, et les Verger biologiques Outters sont aujourd’hui bien installés du côté de Wallon-Cappel, à quelques minutes d’Hazebrouck.
« Je ne repartirais pas en arrière », continue fièrement Vivien Outters. Il souhaite, plus que jamais, s’inscrire dans l’agriculture biologique, tout en respectant les méthodes et choix de chacun. Il suffit d’ailleurs de l’entendre parler de ses fruits pour le comprendre : « Ce que j’aime beaucoup, c’est l’évolution sur l’année de l’arbre. On part de la fleur et on arrive au produit fini. La pomme, la poire, c’est un an de travail. On récolte la satisfaction d’un an de boulot. »
Produire en bio a pourtant ses contraintes, notamment l’alternance de productivité des arbres : « Une année, ça va produire très fortement. Et l’année suivante, même si les conditions sont bonnes, il va y avoir une mise à fruits très mauvaise. » Mais qu’importe pour le jeune arboriculteur : « Une année, l’arbre produit, l’année suivante, il se repose. C’est le cycle naturel de l’arbre et du vivant, il faut le respecter. »
Vivien Outters a aujourd’hui pris les rênes de l’exploitation, même si le papa n’est jamais loin, et il continue d’apprendre de son paternel. « Je suis content que mon père soit encore là. Il a des choses à m’apprendre : les prix, les marchés, les investissements, la technique aussi bien sûr. Mais j’ai aussi de nouvelles techniques. Il y a des discussions entre nous deux, mais c’est moi qui ai la décision finale maintenant. Il ne faut pas qu’il y ait plusieurs décideurs sur une exploitation. »
La tête sur les épaules, mais la tête bien faite, Vivien Outters travaille aussi avec sa maman, Marie, et ses frères et sœurs sont là si besoin. L’entreprise embauche jusqu’à dix salariés entre août et octobre quand les besoins sont les plus importants, et deux personnes à mi-temps durant toute l’année. « Dans le monde agricole, il ne faut pas compter ses heures. Il faut que la passion passe au-dessus des moments un peu compliqués », juge le jeune homme. Parce qu’il n’y a pas que le travail de terrain, il faut gérer l’administratif, la comptabilité, démarcher de nouveaux clients, « savoir tout faire », résume-t-il.
Les Vergers biologiques Outters font partie de la coopérative Norabio. Les pommes, poires et jus sont vendus dans le réseau des Biocoop et des collectivités locales. Surtout, l’exploitation mise sur la vente directe à la ferme : « C’est l’une de nos forces. On a des personnes qui font quand même 30, 50 kilomètres pour venir chercher des fruits chez nous ! Tous les ans, on fait aussi des self cueillettes. Voir les clients, discuter, avoir des retours, ça fait toujours plaisir. Le contact avec les clients, j’aime beaucoup. » En physique et également en virtuel. Pour preuve, la page Facebook des Vergers biologiques Outters est suivie par plus de 1 200 personnes et régulièrement alimentée. Parce que savoir communiquer, sur les réseaux sociaux notamment, c’est important, et le jeune homme le sait bien. Il a d’ailleurs pu partager une bonne nouvelle récemment : le jus de pomme fermier et le jus pomme – poire de l’exploitation, transformés dans les ateliers de l’institut de Genech, ont tous deux reçu une médaille d’argent au Concours général agricole du Salon de l’agriculture 2024. De quoi donner le sourire et l’envie de continuer à Vivien Outters : « On est super satisfaits ! »
2015. Il obtient son bac Stav au lycée agricole d’Hazebrouck.
2019. Il est salarié des Vergers biologiques Outters à Wallon-Cappel.
2022. Il devient co-associé, avec son père Benoît Outters, de l’exploitation familiale.
2024. Les Vergers biologiques Outters obtiennent deux médailles d’argent au concours général agricole du Salon de l’agriculture.
Kévin Saroul