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L’étudiante s’est investie dans le projet Eco Togo. « C’est un projet d’agroécologie qui accompagne quatre femmes qui ont perdu leur mari, afin qu’elles puissent être indépendantes financièrement grâce à l’agriculture, dans le petit village de Zogbépigmé, au sud du Togo à une soixantaine de kilomètres de la capitale, Lomé », détaille Maëlys.
Durant l’année, en collaboration avec VADD (Vision Afrique de demain), une association étudiante togolaise, les bénévoles du Gedam réalisent des dossiers de subventions afin de pouvoir se rendre sur place, ainsi que différentes actions pour récolter de l’argent pour financer leurs projets.
Tous les ans, un groupe de cinq étudiants s’envole pour passer un mois aux côtés de ces femmes. « Une parcelle d’un hectare a été mise à leur disposition par le chef du village, elles cultivent dessus. Lorsque nous y allons, nous les aidons dans leurs travaux et nous en profitons aussi pour leur faire quelques formations en agroécologie. »
Maëlys Tamboise a eu la chance de pouvoir faire partie du voyage en juin de l’année dernière. La jeune fille est partie avec Melyn Pelissier, Chiara Di Jiacomo et Delphine Combé Morel, également étudiantes en deuxième année à l’ISA à l’époque, ainsi que Mattéo Devos, qui, lui, était en troisième année.
Un voyage qui a complètement dépaysé le groupe d’étudiants : « Il faisait très chaud. Si la langue officielle du pays est le français, les femmes avec qui nous travaillions ne parlaient que l’éwé. La communication n’a pas toujours été facile, mais les bénévoles de VADD étaient là pour faire la traduction. Sans parler du confort qui était assez sommaire. Les toilettes étaient un simple trou qui donnait sur une fosse d’où sortaient parfois des mouches ou des cafards… Nous nous lavions avec un seau, on dormait sur un matelas à même le sol… Mais finalement, on s’y est fait en quelques jours ! C’était aussi un choix pour moi, je ne suis pas partie pour faire seulement du tourisme, je voulais aider à mon échelle, découvrir une autre culture, aller à la rencontre les habitants… »
Les matinées étaient dédiées au travail avec les femmes sur la parcelle. Aubergines, piments, maïs, cacahuètes, épinards mais aussi papayes y sont notamment cultivés. Les Français ont désherbé, planté ou encore arrosé. « Le système d’arrosage est d’ailleurs assez rudimentaire, ça se fait à l’aide d’un robinet, un peu comme nous pour notre jardin. » Le groupe d’étudiants avait également ramené des semences de France, comme des fraisiers ou encore des framboisiers qu’on ne trouve pas au Togo, « pour tester », explique Maëlys.
Durant l’année, les cinq étudiants avaient préparé des formations à dispenser aux femmes togolaises. « Nous avons fait des fiches pour que cela soit assez visuel. »
Les agricultrices togolaises ont ainsi pu en apprendre davantage sur le compost.
« Nous avons creusé un trou puis déposé alternativement une couche de matière sèche et une autre de déchets de cuisine. Mais il n’y a pas autant de gaspillage qu’en France et la parcelle est à vingt minutes de leur habitation, donc ce n’est pas forcément ce qu’il y a de plus pratique, reconnaît l’étudiante avant d’ajouter, c’était aussi l’occasion de leur parler des déchets qui jonchent la nature. Les Togolais ne sont pas aussi sensibilisés que nous sur ce thème. Ils ont des poubelles chez eux, mais celles-ci sont vidées dans les ruisseaux et les déchets se retrouvent donc dans l’environnement. Nous leur avons expliqué que cela était aussi de la pollution. Il n’existe pas de système de recyclage, l’un de nous est même reparti avec quelques déchets dans son sac pour qu’ils puissent être recyclés en France », confie Maëlys.
Un poulailler devrait bientôt être construit sur la parcelle, l’occasion donc de prodiguer quelques conseils sur le sujet. « Nous leur avons expliqué la surface qu’il fallait laisser aux poules, leur ration alimentaire, ce que l’on pouvait leur donner à manger… », énumère-t-elle.
Les étudiants de l’ISA ont également abordé le sujet des rotations et associations de cultures.
« Ce sont des principes qu’elles pratiquaient déjà mais sans trop savoir pourquoi. Elles associent le maïs, qui grâce à ses racines profondes, structure le sol, avec le haricot qui capte l’azote dans l’air et qui le transmet au maïs qui en est très friand, et la courge qui couvre le sol et évite l’érosion et l’évaporation. Elles associent également le manioc et les arachides. »
Une formation sur le purin de neems a également été dispensée. « Il n’y a pas d’orties là-bas alors on s’adapte à ce qu’il y a sur place. Ce purin sert de bio-insecticide, il peut être utilisé en prévention mais également lorsque les insectes sont déjà présents. »
Les étudiants de l’ISA ont aussi donné les bases de l’agriculture aux enfants du village, « on leur a expliqué les besoins des végétaux et montré comment planter une graine. »
Un voyage durant lequel Maëlys a tiré des enseignements.
« Les Togolais pratiquent la permaculture. Si nous avons des connaissances théoriques, ils ont la pratique, nous avons beaucoup de choses à apprendre les uns des autres. » En revanche, la jeune fille a été interloquée par l’utilisation des pesticides : « J’ai l’impression que les agriculteurs en utilisent beaucoup. J’en ai vu certains en mettre sur leurs cultures sans aucune protection. »
Cette année, une nouvelle équipe d’étudiants se rendra à Zogbépigmé. Le projet sera, cette fois, de construire le poulailler.
Langue : la langue officielle est le français. Mais l’éwé et le kabiyè
sont également parlés.
Population : 8,28 millions d’habitants
Superficie : 56 790 km2
Superficie cultivable : 3,6 millions d’hectares.
Hélène Graffeuille
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