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À 29 ans, Sarika Sor, Lilloise d’adoption mais Compiègnoise (60) de naissance, est rodée à l’exercice de l’interview. Il faut dire qu’elle a déjà participé à l’émission de télévision de la chaîne M6, Objectif Top Chef, qu’elle a gagné, et qu’elle enchaîne avec Top Chef, dont le premier épisode de cette saison 2023 a été diffusé ce mercredi 1er mars.
Depuis seulement deux ans, elle a fait de la cuisine sa vie professionnelle. Un parcours atypique pour une passion latente.
D’origine cambodgienne, ses parents ont fui la guerre dans les années 1970. Sarika Sor a été élevée “à la dure, de manière très stricte. Une éducation traditionnelle asiatique avec des objectifs tels que la réussite sociale et scolaire”, raconte-t-elle.
Aussi, après un bac scientifique, elle se dirige vers des études de droit à Troyes. Mais après un semestre obtenu, elle décide d’arrêter. “Ça ne me plaisait pas. Je suis allée travailler dans le restaurant de mon oncle à Troyes, en tant que cheffe de rang, en salle donc, pendant six mois. J’ai bien aimé le contact avec les clients et l’aspect commerce, alors j’ai décidé de poursuivre dans cette voie.” Le premier pas d’une longue série dans le monde de la restauration… sans jamais y entrer.
Après un DUT en technique de commercialisation et un bachelor à Montréal, elle revient en France et atterrit à l’IAE (institut d’administration des entreprises) de Lille pour y faire un master en marketing et vente. Tout au long de ses études, elle a des expériences professionnelles dans des milieux proches de ceux de la restauration. “Je gravitais autour en fait ! J’aimais ça, donc j’allais vers des stages en rapport avec, mais je ne voyais pas dedans.”
C’est en étant sur Lille que sa passion prend de l’ampleur. “J’ai toujours été fan de Top Chef et à Lille, j’ai commencé à faire des “soirées Top Chef”. J’invitais des copains et je préparais un plat. Puis, c’est devenu des vrais menus, sur le thème de l’émission de la semaine suivante. À force, mes copains m’ont dit que je ferais bien de m’inscrire à Objectif Top Chef. Mais honnêtement, à ce moment-là, je ne l’aurais pas fait, j’aurais eu trop peur de me ridiculiser.”
Surtout, en parallèle, elle nourrit le projet, avec son conjoint Valentin, de partir à l’étranger après son master. L’objectif est alors de trouver un travail pour gagner de l’argent pour partir se former à la cuisine dans des bars et restaurants en Australie. Elle travaille un an et au moment de partir : le covid.
“Comme beaucoup j’ai profité de cette crise pour me questionner et je me suis dit que mon idée principale était de me former. C’est donc ce que j’ai fait.” En septembre 2021, elle reprend le chemin de l’école pour passer un CAP cuisine en un an au lycée international de Lille. Elle obtient son premier contrat d’apprentissage, au restaurant L’Arc, à Lille, et participe au concours Mange Lille dans la catégorie apprentis.
Elle gagne ce concours et mieux que ça, elle gagne le concours, toutes catégories confondues. “Ça a été une consécration pour moi car mon entrée dans le monde de la restauration a été difficile. J’arrivais à 25 ans, en tant que femme, dans des cuisines où des personnes plus jeunes que moi avaient plus d’expérience. Le problème était que je savais ce que je quittais mais pas ce vers quoi j’allais : un salaire divisé par deux, plus de vie sociale et des horaires à rallonge. Ce prix m’a fait du bien, ça a conforté mon choix.”
Elle décide donc de poursuivre ses études de cuisine et se dirige vers un bac pro cuisine au lycée hôtelier de Lille, qu’elle intègre dès la troisième année. C’est là qu’elle décroche un apprentissage au restaurant étoilé La Table de Clarance à Lille (lire notre édition du 24 février) et s’inscrit à Objectif Top Chef.
Le tournage d’Objectif Top Chef s’est déroulé entre juin et août. À un rythme effréné pour la jeune femme : “On tournait du lundi au jeudi à Bordeaux. Le vendredi matin je prenais un avion à 6 h du matin pour arriver à 9 h à La Table de Clarance. Étant donné que je n’étais pas là en début de semaine, en compensation, en plus des services du vendredi et du samedi, j’assurais les petits-déjeuners du week-end. C’était intense, j’ai perdu 7 kg”, plaisante-t-elle. Le fait est qu’elle pensait rester “deux ou trois semaines… pas trois mois ! Je suis du genre à me projeter, mais pas trop loin non plus, j’ai trop peur de l’échec”.
Aussi, quand elle gagne l’émission, elle a à peine le temps de digérer cette aventure que le tournage de Top Chef débute (il s’est terminé mi-décembre, sans savoir jusqu’où est allé le parcours de Sarika). “Après ça, j’ai dormi trois semaines !”
Quant aux tournages, l’exercice n’est pas des plus aisés : “On doit parler en même temps qu’on cuisine, expliquer tout ce qui se passe pour que le téléspectateur comprenne. Pour ça, un cameraman et un journaliste sont avec nous en permanence et nous guident. Par exemple, avant d’aller au garde-manger, on doit expliquer notre recette en détail. Tant qu’on n’a pas l’explication correcte, on ne peut pas aller au garde-manger et donc on perd du temps.”
Sur Objectif Top Chef, les journées commencent généralement à 6 h du matin pour se terminer à 21 h ou 22 h. “On ne se rend pas compte mais il y a beaucoup de prises à faire : l’arrivée des invités, des chefs, les dégustations, nos réactions…” Un tournage qui l’a aidé pour Top Chef car “au moins je savais comment cela fonctionne et je savais parler en cuisinant !”
La Sarika à l’écran “reflète bien la Sarika en vrai. J’avais peur de cela, que le montage ne soit pas forcément représentatif mais il l’est”. Comme Philippe Etchebest : ” Il est comme à la télé. Il déteste perdre. Donc clairement, son objectif c’est de nous pousser loin pour gagner.”
Depuis la fin du tournage, Sarika Sor a pris le temps de réfléchir. “J’ai d’abord pris du temps en famille, un petit mois, puis j’ai décidé de continuer à me former. Je ne prétends pas qu’après deux émissions comme ça, je peux ouvrir mon établissement. Ça ne fait que deux ans que je cuisine ! Je vais donc faire des stages chez les chefs que j’ai rencontrés lors des émissions et je souhaite donner des cours de cuisine privés, chez l’habitant. Peut-être aussi organiser des dîners privés… Ensuite, je me laisse deux ans pour ouvrir mon établissement qui serait, dans mon esprit, entre la table d’hôte et le restaurant.”
En attendant, on peut suivre ses aventures dans Top chef dès mercredi prochain !
Eglantine Puel
Lire aussi : Rencontre avec le chef Damien Laforce
Top Chef, le mercredi soir, à 21 h sur M6.