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Le 7 janvier 2020, l’Union des industries de la protection des plantes (UIPP) et le gouvernement ont communiqué leurs chiffres respectifs sur l’évolution des ventes des produits phytosanitaires entre 2017 et 2018
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L’UIPP annonce une hausse de 8 %. Le gouvernement indique quant à lui, dans sa note de suivi du plan Ecophyto, une hausse de 21 % de la quantité de substances actives (QSA) et de 24 % du nombre de doses unités (Nodu).
Explication retenue par l’un comme par l’autre pour expliquer la hausse : l’anticipation des achats avant le relèvement de la redevance pour pollution diffuse (RPD) le 1er janvier 2019. Néanmoins, comment expliquer une telle différence entre les deux sources ?
Tout d’abord, chaque chiffre ne renvoie pas au même niveau de la chaîne de distribution des produits phytosanitaires. L’UIPP communique les chiffres de ventes des industriels à la distribution, tandis que le gouvernement prend en compte la vente de la distribution aux agriculteurs. Avec un « déstockage » de produits qui a pu être supérieur chez les coopératives et négociants par rapport à leurs fournisseurs, indique-t-on à l’UIPP.
Ensuite, les chiffres de l’UIPP sont basés sur les déclarations de ventes des entreprises adhérentes à son réseau. « Toutes les entreprises du secteur ne sont pas adhérentes », rappelle Pierre-Yves Busschaert, responsable des affaires économiques à l’UIPP. L’organisme pointe notamment la hausse des ventes de soufre et de cuivre, souvent vendues par des entreprises non adhérentes.
Autre aspect pointé par l’UIPP : ses chiffres ne tiennent pas compte des importations contrairement à ceux du ministère de l’Agriculture.
Les Hauts-de-France sont particulièrement concernés avec des produits utilisés en pommes de terre importés de Belgique ou des Pays-Bas.
Concernant la hausse en elle-même, parler d’une bonne nouvelle serait sans doute une provocation. Néanmoins, les choses sont à mettre en perspective.
En effet, les chiffres donnés par le gouvernement s’appuient notamment sur des indicateurs, comme la QSA, qui englobent des matières actives de nature très différentes, dont certaines sont utilisées en agriculture biologique. C’est le cas du soufre et du cuivre dont les quantités utilisées par hectare sont bien plus importantes que pour les produits de synthèse utilisés en conventionnel.
Par ailleurs, dans le même ordre d’idée, la suppression de certaines molécules oblige les agriculteurs à se tourner vers des produits qui, pour être efficaces, nécessitent d’être pulvérisés à des doses plus importantes. Car malheureusement, la suppression d’un produit n’entraîne pas la suppression de la maladie ou du ravageur contre lesquels il permet de lutter.
Virginie Charpenet