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Si « le huitième jour, Dieu créa Georges, et il vit que c’était bon », l’année d’après, le film (dont est extraite cette citation) inspira aussi la création d’une association. Parrainée par Pascal Duquenne – le “Georges” du Huitième jour (le film) – le Huitième jour (l’association) s’installa à Landas quelques années plus tard, sur un terrain offert par la mairie. En 2003, les murs sortirent de terre, les portes s’ouvrirent et une quarantaine d’adultes “déficients intellectuels” – « les termes employés à l’époque » – s’y installèrent.
Le synopsis est détaillé par l’un des acteurs principaux, Michel Sibile dans le rôle de président de l’association depuis 2015. « En 2019, nous avons eu l’autorisation de quatre places supplémentaires », applaudit-il. Aux trois ailes existantes, vient se greffer la quatrième avec « un nouveau souffle ». Ce ne sera pas un foyer de plus mais une maison partagée qui accueillera « les plus autonomes » des résidents.
Les plus autonomes, ce sont donc Fabienne, Rodrigue, Aline, Zoé, Vanessa, Valentin et Lorenzo. Tous ont une activité, en cuisine, en lingerie, au supermarché, à la mairie ou à la médiathèque du village. « C’est l’une des composantes de l’inclusion : se sentir utile, observe le président de l’association. Prendre le risque de se confronter à la réalité. » La maison partagée est « un tremplin vers l’avenir », image-t-il.
Aline nous ouvre les portes de sa nouvelle chambre. En cette fin novembre, elle a déjà installé quelques décorations de Noël, le lit est fait, la salle de bains étincelante. Rien qui n’étonne sa maman, sa fille est très ordonnée. Des sept chambres, c’est – logiquement – la sienne qu’a visitée Charlotte Parmentier-Lecocq lors de l’inauguration jeudi 28 novembre. Celle qui était alors ministre déléguée chargée des personnes handicapées est venue en voisine, elle qui a été élue sur cette même circonscription du Nord.
« Cette association progresse dans un projet qui permette de mettre la personne en situation de handicap au cœur [du projet] et puisse avoir son libre arbitre, félicite-t-elle. Ce savoir-faire et cette philosophie vont vers une société plus inclusive. Les personnes résidentes ont des envies, des projets, et veulent démontrer tout ce qu’elles savent faire. » Autonomie – « certes accompagnée » – et libre arbitre sont ainsi les socles de l’habitat inclusif.
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La Ministre assurait alors que l’État était là, aux côtés des associations et du Département, et voulait rassurer. « Toutes les solutions financières décidées en 2023 continueront. Les budgets sont sanctuarisés pour continuer à développer ces solutions malgré le déficit budgétaire », certifiait-elle quelques jours avant la chute du gouvernement Barnier. Mais Charlotte Parmentier-Lecocq a plus d’une casquette sur sa tête dont celle de conseillère départementale du Nord. La structure présidée par Christian Poiret s’investit clairement dans le fonctionnement de l’association, qui compte aussi sur ses adhérents et donateurs. Elle a aussi apporté 128 000 € pour ce projet, complétés par, entre autres, les Lions club.
« Un territoire n’est pas un autre. Un handicap n’est pas un autre », poursuit Sylvie Clerc-Cuvelier, vice-présidente chargée du handicap au conseil départemental du Nord, qui est allée à la rencontre des territoires. « Si on veut coller aux besoins des Nordistes accompagnés, il nous faut comprendre que lorsque l’on veut vivre sa vie d’adulte, rester dans certains établissements infantilise », dit-elle en évoquant « l’ascension vers l’autonomie : toujours aller plus loin et plus haut. » L’élue a salué les professionnels du secteur médico-social, « ces métiers du cœur », parmi « les plus beaux du monde », qui ont tant à donner et tant à recevoir.
Elle a rappelé la date du 13 décembre, signature du prochain CPOM (Contrat pluriannuel d’objectifs et de moyens, ndlr) qui s’axe autour de « mieux s’inscrire dans la cité et dans la société ». En cela, la maison partagée landasienne en est l’illustration. « Un grand jour pour le Huitième jour », prononçait Michel Sibile lors de l’inauguration.
Louise Tesse