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« Durant les premières semaines de cette crise sanitaire, les Français se détournent de nos fromages AOP, allant vers des produits utilitaires et de première nécessité. » C’est le cri d’alarme lancé par le Cnaol, la fédération des AOP laitières (appellation d’origine contrôlée).
Un constat partagé par Claude Béra, président du Syndicat du maroilles, basé à La Capelle, dans l’Aisne (02). Qu’il soit fermier ou industriel, ce fromage fait face à une forte baisse des ventes.
Avec l’épidémie de coronavirus, toute la filière du fromage AOP est en ralentissement et certaines fromageries sont totalement à l’arrêt. Je connais un fabricant qui tourne à 20 % de ses capacités en ce moment. Il y a peu de clients en boutique et peu de commandes de grossistes.
Pour les fromages fermiers, ça marche un peu mieux, grâce aux échanges entre producteurs. Ils peuvent vendre le beurre ou la crème fraîche d’un confrère, en plus du maroilles. Ceux qui font les marchés et de la vente directe peuvent tirer leur épingle du jeu. En production industrielle, on n’est pas à l’abri de mettre le lait à l’égout.
Dans la région, il y a 120 producteurs de lait pour le maroilles. En ces temps de crise, il va vers d’autres secteurs tels que le lait pasteurisé ou le beurre. Étant éleveur laitier, je livre à mon fabricant. Mais il ne fait plus de maroilles depuis quinze jours. Il revend à un autre industriel. Nous restons ses clients, donc il a trouvé cette solution. Mais ça reste compliqué.
Je vais bientôt lancer un appel sur Facebook à travers une vidéo pour expliquer la situation. Le Cnaol a raison de demander des aides urgentes au stockage des fromages AOP et à la régulation des volumes de lait. Il faudrait appliquer le PRM (programme de responsabilisation des marchés). C’est au niveau européen que ça se joue.
En temps de crise, réduire les volumes pour les adapter à la demande coûterait moins cher en stockage. La solution se trouve du côté des syndicats agricoles. Il s’agit de faire entendre nos voix auprès des politiques en France et à Bruxelles.
Je les invite à privilégier les produits du terroir labellisés AOP ! C’est le cas du maroilles. En ces temps de confinement, il ne faut pas oublier la qualité. Ils peuvent se tourner vers les fermes et les points de vente de produits locaux.
Propos recueillis par Lauren Muyumba