Votre météo par ville

Poste à pouvoir : pollinisateur (H/F) en CDI.

11-09-2024

Actualité

C’est tout frais

En Loire-Atlantique, le groupement de magasins Biocoop Les hameaux bio a lancé une fausse campagne de recrutement sur un vrai sujet : l’effondrement des populations d’abeilles.

“Votre mission : remplacement permanent des abeilles et autres insectes pollinisateurs, vous serez chargé de polliniser les champs destinés à notre alimentation, pipettes en main”, indiquait une fausse annonce de recrutement au printemps dernier. © IA artist Emeric Leprince

“Poste : pollinisateur (H/F) en CDI. Salaire : 1 766,92 euros brut. Environnement du poste : sept jours par semaine 24 h / 24 h. Jours fériés travaillés. Travail en extérieur quelle que soit la météo, port du masque obligatoire en raison d’un environnement pollué par les pesticides. Votre mission : remplacement permanent des abeilles et autres insectes pollinisateurs, vous serez chargé de polliniser les champs destinés à notre alimentation, pipettes en main”.

Cette annonce fantaisiste a été publiée au printemps par le réseau Les hameaux bio, regroupement de sept magasins de Loire-Atlantique au sein de la coopérative Biocoop. Éloïse Allonville, co-gérante, explique : « Des initiatives locales sont portées chaque année en parallèle des projets menés à l’échelle de la coopérative nationale (environ 700 magasins en France, ndlr) sur la sensibilisation à la biodiversité. Le sujet des abeilles nous tenait particulièrement à cœur, parce qu’il touche à la fois les citoyens, consommateurs et professionnels que nous sommes. Et parce que nous défendons l’idée qu’il est possible d’agir sur la biodiversité en consommant différemment, parce que nous estimons qu’en tant que commerçants militants nous avons un rôle à jouer. Nous avons choisi de faire quelque chose », remonte la co-gérante.

LIRE AUSSI : Bee to bee : quand les abeilles s’invitent en entreprise

Ce quelque chose a pris la forme d’une campagne de communication relayée localement dans les magasins du réseau. Une forme pas banale – une fausse offre d’emploi pour pollinisateurs humains – qui visait à faire œuvre de pédagogie et de sensibilisation. Elle a été accompagnée d’actions en magasin, notamment à travers des ateliers.

« Une naturopathe est venue expliquer comment végétaliser son assiette et quels ingrédients privilégier en cuisine afin de favoriser la biodiversité, illustre Éloise Allonville. C’est une sensibilisation que nous développons tout au long de l’année, à travers les produits que nous proposons. » Des produits bio.

« La monoculture est le fléau de la biodiversité »

Car c’est bien le type de produits, et leur mode de culture, qui sont à la source du problème. Et de la solution. « L’agriculture biologique, parce qu’elle n’utilise pas de pesticides qui sont à l’origine de l’extinction des abeilles et plus globalement de tous les insectes pollinisateurs, permet le soutien de la biodiversité », poursuit la militante. Qui rappelle comment le cahier des charges de l’agriculture biologique prévoit, aussi, la création de haies bocagères ou de points d’eau, la pratique de la tonte sélective… « Une gestion des champs et de la nature en faveur de la biodiversité », appuie-t-elle.

Et de préciser qu’au-delà de sa préservation, la pratique de l’agriculture biologique œuvre à la régénération du vivant, « grâce à la rotation des cultures qui évite l’utilisation d’engrais artificiels et enrichit la terre en nutriments contrairement à la monoculture, LE fléau pour la biodiversité : les insectes n’y ont plus rien à polliniser et ne peuvent se reporter d’une culture sur l’autre. »

Ça vaut pour la pratique de l’agroforesterie plus globalement, que la chaîne de magasins bio favorise à travers, par exemple, le récent lancement d’une gamme de café entièrement cultivé selon un modèle agroforestier en Afrique, « parce que la biodiversité ça se défend à l’échelle planétaire », milite Éloïse Allonville.

LIRE AUSSI : “La biodiversité, c’est la version statistique de la nature”

Pour cette campagne de communication, le groupement Les hameaux bio a agi comme à son habitude, « en essayant d’attirer les médias et les consommateurs. Nous étions proches du 1er avril et nous avons eu l’idée d’un canular : l’idée de l’annonce de recrutement est rapidement venue. » L’idée de départ : avec l’effondrement des populations de pollinisateurs, il va bien falloir trouver une alternative si on veut que la vie continue sur terre.

« Aujourd’hui la nature travaille gratuitement, demain il faudra payer. Nous aurions pu pousser jusqu’à chiffrer le coût réel de la main-d’œuvre gratuite que constituent les pollinisateurs », imagine la co-gérante à voix haute. Une main-d’œuvre qui ne se plaint jamais de ses conditions de travail, ni de l’absence de congés ni de la température, qui ne déposera pas plainte pour avoir dû travailler dans un environnement plus ou moins pollué.

Mais demain ? « La pollinisation porte les enjeux d’autonomie alimentaire. Au lieu de la préserver, on ouvre des boulevards aux produits de synthèses, aux graines stériles fécondées en laboratoire à des prix que maîtrisent les instituts. Il s’agit aussi de défendre l’indépendance professionnelle de nos agriculteurs », juge la Ligérienne.

Le consommateur “vote avec son argent”

Aux choix de modèles de production s’ajoute, c’est lié, les choix de consommation. « Le consommateur a une carte à jouer selon les choix qu’il fera. Il doit se rappeler qu’il peut agir pour la biodiversité à travers son alimentation alors qu’aujourd’hui on ne fait pas assez systématiquement le lien. »

Manger bio, c’est le parti pris de Biocoop, et équilibré. En mangeant des céréales variées, qui vont permettre de valoriser les rotations culturales. « Si demain tout le monde ne mange plus que des pâtes, toutes bio soient-elles, alors la France sera couverte de champs de blé. Si on se met à manger davantage de lentilles, sarrazin, lupin… alors les agriculteurs pourront valoriser convenablement l’ensemble de leurs cultures. Des champs plus diversifiés permettront de relancer la biodiversité », ose imaginer Éloise Allonville. Même principe pour les légumes. « Les céréales et les fruits et légumes sont les deux principaux rayons où le choix des consommateurs peut peser. ».

La commerçante engagée emploie cette formule qui dit que le consommateur « vote avec son argent » en faisant des choix éclairés. Et invite à inverser la pensée habituelle en se rappelant que « ce qu’on met dans notre assiette se retrouvera dans les champs ».

Déployée au printemps dernier en Loire-Atlantique, la campagne a beaucoup surpris les clients pourtant globalement sensibilisés déjà. Ils ont notamment mieux saisi les liens entre ce qu’ils mettaient dans leur panier, puis leur assiette, et ce qui était cultivé autour d’eux. Mission accomplie dans ce bout de la France. Une campagne pas banale qui pourrait être déployée dans le reste du réseau Biocoop. 

Justine Demade Pellorce

Facebook Twitter LinkedIn Google Email
Les contrôles de la Dreal renforcés
Dans les Hauts-de-France, 130 inspecteurs de la Direction Régionale de l’Environnement, de l’Aménagement et du Log [...]
Lire la suite ...

Meilleur pâtissier : Dorothée Leroy, la “pâtissière du confinement”
La treizième saison du Meilleur pâtissier démarre jeudi 10 octobre sur M6. Parmi les 14 candidats sélectionnés sur [...]
Lire la suite ...

Le patrimoine, trésor des territoires
Chacun s’accorde à affirmer l’importance du patrimoine local, mais quand il s’agit de passer à la caisse, c̵ [...]
Lire la suite ...

Logement insolite : formez-vous pour diversifier votre activité agricole
L'entreprise Cocolodge propose une formation pour accueillir du logement insolite sur les exploitations agricoles. Très [...]
Lire la suite ...

Une agence pour enrayer le déclin de la biodiversité
Ce mardi 24 septembre, la première édition des Rencontres biodiversité était organisée. L'objectif était notammen [...]
Lire la suite ...

Économie : Lactalis réduit sa collecte de lait
Dans un communiqué de presse publié jeudi 26 septembre 2024, le géant Lactalis confirme les rumeurs : la collecte de [...]
Lire la suite ...

Comment la Chambre d’Agriculture se prépare à redresser la barre ?
Le président de la chambre d'agriculture du Nord-Pas de Calais a présenté son budget rectificatif 2025 couplé d'un p [...]
Lire la suite ...

Émilie roibet, itinéraire d’une reconversion bien pensée
Architecte paysagiste de formation, Émilie Roibet a quitté ses bureaux lillois pour créer sa ferme florale "À l'ombr [...]
Lire la suite ...

Une Cuma qui a le sens de l’accueil
Localisée à Bois-Bernard, la Cuma " L'accueillante " est confrontée aux départs en retraite de ses membres, souvent [...]
Lire la suite ...

DOSSIER ÉNERGIE. À la centrale de Lens, le bois devient énergies
Unique dans la région, par son genre et sa taille, la centrale de cogénération de Lens produit à la fois de l'élect [...]
Lire la suite ...

Inondations : après la pluie, se reconstruire
Une semaine après les premières crues, le Pas-de-Calais tente d'émerger peu à peu, malgré la menace de nouvelles in [...]
Lire la suite ...

Inondations : 50 millions d’euros pour les collectivités sinistrées
Le chef de l'État en déplacement à Saint-Omer et à Blendecques, le mardi 14 novembre, a annoncé un plan d'aide pou [...]
Lire la suite ...

À la ferme du Major, “on crée de l’énergie”
La ferme d'insertion du Major, à Raismes, emploie 40 hommes et femmes éloignés de l'emploi pour leur permettre, en ac [...]
Lire la suite ...

Jean-Marie Vanlerenberghe : « L’attentat à Arras a souligné les failles du dispositif »
Ancien maire d'Arras et doyen du Sénat, Jean-Marie Vanlerenberghe réclame « une réponse ferme » mais dans le resp [...]
Lire la suite ...

Changer de goût et agir pour le futur
Plus saine, plus durable, plus accessible, l'alimentation de demain doit répondre à d'innombrables défis. À l'occasi [...]
Lire la suite ...

Retour sur la première édition du championnat international de la frite
Le premier championnat international de la frite s'est déroulé à Arras le samedi 7 octobre 2023. Soleil et ambiance [...]
Lire la suite ...

Jean-Paul Dambrine, le patron sensas’
Il est l'icône de la frite nordiste. À 75 ans, Jean-Paul Dambrine, fondateur des friteries Sensas et président du jur [...]
Lire la suite ...

Quatre lycéennes d’Anchin à la conquête de l’Andalousie
Iris, Angèle, Louise et Eulalie, lycéennes à l'Institut d'Anchin, ont passé trois semaines caniculaires près de Sé [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Nord, plusieurs nuances de rose, plusieurs nuances de bleu : l’éparpillement façon puzzle
Avec 11 sièges à pourvoir, c’est le département à renouveler le plus grand nombre de sièges derrière Paris : le [...]
Lire la suite ...

Élections sénatoriales : dans le Pas-de-Calais, la droite (presque) unie, la gauche en ordre dispersé et l’éventualité du Rassemblement National :
Pour les prochaines élections sénatoriales, les gauches ne font pas bloc dans le Pas-de-Calais. La droite, elle, table [...]
Lire la suite ...

Comment fonctionnent les champs d’inondation contrôlée ?
Durant le mois d'août, le SmageAa organisait des visites de ses installations afin d'expliquer au grand public leur fon [...]
Lire la suite ...

Un septembre 2024 frais, qui stoppe la chaîne de records
Rendez-vous chaque début de mois avec Patrick Marlière, directeur du bureau d’expertise météorologique Médias Wea [...]
Lire la suite ...

Numéro 384 : 27 septembre 2024

Au cœur des terres

#terresetterritoires