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Près de 250 professionnels des secteurs de l’agriculture, de l’agroalimentaire, de l’administration et de la politique se sont penchés mardi dernier sur la question de l’approvisionnement local.
” Avec ces états régionaux, nous souhaitons aller encore plus loin dans la valorisation de nos productions agri et agro régionales mais aussi rapprocher le producteur du consommateur, explique Marie-Sophie Lesne, vice-présidente de la Région en charge de l’agriculture, de l’agroalimentaire et de la pêche. Les remontées des acteurs de terrain doivent nous permettre de structurer l’action publique à venir dans un contexte compliqué.”
En effet, si pendant la crise sanitaire, l’approvisionnement local a connu un essor important, aujourd’hui, avec l’inflation galopante, le secteur connaît une régression qui aboutit actuellement à un plateau.
Néanmoins, de belles avancées dans le domaine ont déjà été réalisées, notamment au niveau de la restauration collective : “Environ 50 % des lycées de la région sont engagés dans le label Ici je mange local (qui récompense les restaurations collectives dont les menus intègrent au moins 20 % de produits locaux et de saison, ndlr). Au niveau de la viande c’est particulièrement visible : plus de 50 % de l’approvisionnement est local contre 3 à 5 % auparavant. Cela représente plus de10 millions d’euros par an”, indique Marie-Sophie Lesne, qui souligne aussi les aides mises en place pour les agriculteurs comme le “Pass’agri filières, qui soutient les agriculteurs dans leurs investissements pour se diversifier. Depuis 2020, ce sont 500 agriculteurs qui en ont bénéficié ce qui représente 4 millions d’euros.”
Mais voilà, si au niveau de la restauration collective, la Région a l’impression d’avoir “fait tout ce (qu’elle) pouvait faire“, c’est au niveau de la grande distribution et plus largement du consommateur individuel que du chemin reste à parcourir.
Une première chose à observer est qu’en fonction des départements, le local ne représente pas la même chose dans le panier du consommateur.
Aussi, l’IRI (institut spécialisé dans l’analyse de données de produits de grande consommation) a calculé le poids des marques locales dans la consommation en grande distribution.
Ce poids est de 2,9 % dans le Nord, 2,7 % dans le Pas-de-Calais, 1,2 % pour la Somme, 1,1 % pour l’Aisne et 0,6 % pour l’Oise. Des chiffres qui s’expliquent par la diversité (ou non) des productions sur les territoires et donc de la réponse (ou non) aux besoins des consommateurs.
Pour Philippe Goetzmann, animateur et observateur à l’IRI, “le consommateur fait toujours la balance entre désirs et contraintes.” D’un côté, les désirs donc comme “l’envie de mieux consommer, liée à la prise de conscience des enjeux écologiques et de santé qui tournent autour de l’alimentation. Les Français sont d’ailleurs très sensibles à ce sujet, ce qui n’était pas forcément le cas il y a 15 ans”, explique-t-il. “On a vu le local se développer : il est aujourd’hui le premier critère cité pour avoir une “bonne alimentation”, selon les Français.”
De l’autre côté, les contraintes : “Il y en trois : le temps, l’espace et le prix. L’espace réfère à l’accessibilité. Si pour acheter local il faut que je me déplace à l’autre bout de la région, je ne le fais pas. Pour ce qui est du temps, l’augmentation de la digitalisation montre bien que les gens ne prennent plus le temps de faire leurs courses.”
Enfin la contrainte du prix est majeure : “Selon l’Insee, en 2019, près de 20 % des Français mangeaient avec 200 € par mois (le budget moyen étant de 383 € par mois). Du fait de la taille des ménages qui se réduit, la part du revenu accordée à la maison augmente au détriment de la part dédiée à l’alimentation.“
Le risque de cette situation est d’aboutir à une alimentation à deux vitesses : ceux qui pourront acheter du local et les autres. “Notre rôle n’est pas d’améliorer l’alimentation de ceux qui mangent déjà bien“, ironise Philippe Goetzmann.
Pour “démocratiser le local” il faut donc le diversifier : ” On a eu tendance à ne faire que du local haut de gamme. Ça produit de la valeur mais pas du volume.” On le voit, l’approvisionnement regroupe divers enjeux. Mais quelles solutions alors ? Pour les professionnels qui ont planché sur le sujet, elles sont multiples et complémentaires.
Il faudrait ainsi une meilleure communication entre les filières, mais aussi avec les acteurs de la distribution et le consommateur.
Le développement de l’approvisionnement local passe aussi par un renforcement des filières et des PME en accentuant l’action de la Région pour les aider à atteindre des tailles critiques permettant de répondre aux demandes des consommateurs. Demandes qui évoluent très vite et qui nécessite une grande adaptabilité de la filière aux besoins du consommateur.
Cela passe aussi par le regroupement des producteurs, pour mieux échanger avec les acteurs en aval. Les risques doivent être partagés avec l’ensemble des acteurs, en amont et en aval, pour mieux anticiper les enjeux auxquels font face les filières. Enfin, les professionnels mettent en avant l’importance de la formation pour les acteurs afin, notamment, d’améliorer le sourcing.
Eglantine Puel
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